Avec l'annonce de la réalisation par les compagnies pétrolières étrangères présentes dans notre pays de 450 nouvelles stations-services, les données semblent avoir changé et on commence à appréhender la concurrence qui ne sera pas facile tant pour Naftal que pour les gérants des stations-services algériens. En l'absence de statistiques fiables, la Fédération nationale des exploitants libres des stations-services (FNELSS), qui compte 520 adhérents, fait état de l'existence à travers le pays de près de 800 stations-services. Les actions de protestation que multiplie cette fédération ces derniers jours expliquent cette appréhension. Pour elle, la nature juridique du contrat tel qu'exigé par Naftal (contrat location/gérance) n'est autre qu'une manière de mettre les exploitants de stations-services à sa merci. Puisque Naftal prétend, selon la FNELSS, être propriétaire des stations avec fonds de commerce et assiettes. Or, « d'après les investigations que nous avons menées auprès des Domaines, nous avons découvert que Naftal n'est propriétaire que du fonds de commerce. C'est la raison pour laquelle cette entreprise s'entête à exiger la forme du contrat location/gérance. Elle sait qu'avec l'arrivée des partenaires étrangers munis d'un savoir-faire, Naftal risque de disparaître. C'est pourquoi elle fait tout pour nous maintenir, car sa viabilité dépend de nous, en tant que seuls distributeurs de ses produits », a précisé un des membres du bureau de la FNELSS. A ce propos, il y a lieu de signaler que le réseau de distribution de détail se présente comme suit : les gestionnaires directs (GD), qui sont des salariés de Naftal et qui activent dans des stations appartenant totalement à l'entreprise ; les points de vente agréés (PVA), qui sont des stations créées par des privés liés à Naftal par des contrats d'approvisionnement ; les gérants libres (GL), dont le statut est indéterminé. Ce sont ces gérants libres qui ont un différend avec Naftal. Opérateurs privés Au lendemain de l'indépendance et avec la nationalisation des hydrocarbures, c'est Sonatrach qui a pris en charge les stations-services. « Sonatrach dans toute sa grandeur n'a pas accordé l'importance requise à la branche distribution, longtemps considérée comme non prioritaire. Ce n'est qu'en 1982, dans le cadre de sa restructuration, qu'elle a créé Naftal à laquelle a été confiée la prise en charge des stations soumises depuis à son diktat », soulignent les membres de la FNELSS. D'autres membres vont plus loin en estimant : « Malgré l'existence d'un décret dérogatoire qui consiste en des textes additifs à la loi portant cession des biens de l'Etat qui fait état de l'incessibilité des stations-services, un bon paquet de ces stations-services a été cédé à certains exploitants. Pour l'instant, ce dossier n'est pas à l'ordre du jour de notre fédération. » Par ailleurs, on apprend que dans la branche des produits pétroliers, le secteur de l'énergie et des mines poursuit sa politique de développement de ses moyens de distribution en encourageant les opérateurs privés à investir dans toute la chaîne. Ainsi, au premier semestre 2002, il a été délivré 25 autorisations pour la réalisation de stations-services, 10 autorisations d'extension de stations-services à la distribution de GPL/C, 3 autorisations d'augmentation de capacité de stockage de GPL, 1 autorisation de réalisation de centre de stockage et de distribution de carburants et 1 autorisation pour la réalisation de centre enfûteur. Les besoins en pareilles infrastructures sont appelés à augmenter, affirment certains gérants de stations-services d'Annaba et Skikda présents à la dernière rencontre de la FNELSS, quand on sait que « 200 gisements de réserve de pétrole et de gaz ont été découverts dans notre pays, dont 104 se trouvent dans les bassins d'Illizi et Oued Mya ». Par ailleurs, interrogé sur les capacités de transport de notre pays, notre interlocuteur précisera : « A ma connaissance, le réseau de transport de la compagnie Sonatrach serait évalué à plus de 13 000 km répartis entre 14 oléoducs et 11 gazoducs avec respectivement 5773 et 7419 km. »