Les membres de la fédération posent aussi le problème de propriété des stations dont certains en sont gérants depuis plus de 50 ans. La Fédération nationale des exploitants libres des stations-service est décidée, plus que jamais, à aller jusqu'au bout de ses revendications. Elle menace de déclencher un mouvement de grève à partir de janvier, si les autorités concernées ne prennent pas en considération leurs doléances. Outre la concession des stations-services, principale revendication, la fédération exige l'arrêt total des «mesures de rétorsion et des pressions de l'entreprise Naftal sur les exploitants libres en vue de leur arracher la signature de son contrat». Lors d'une conférence de presse animée au siège de l'Ugcaa, le président de la fédération, M.Mustapha Boudjemlal a expliqué que Naftal a exigé des exploitants de stations-service la signature d'un contrat de gérance de durée indéterminée que les concernés trouvent «insensée». Les responsables de cette fédération, qui compte plus de 400 gérants libres à travers le territoire national, dénoncent le chantage et l'agissement irresponsable des responsables de l'entreprise Naftal qui, selon eux, hypothèquent l'alimentation du carburant de ces stations-service par la signature du contrat. Naftal Algérie a menacé d'arrêter d'approvisionner près de 800 stations-service privées, sur le territoire national «si ces dernières ne se soumettent pas à sa décision de signer un contrat de location de gestion». Cet acte va faire de cette compagnie la propriétaire de ces stations en dépit du fait qu'elle ne possède pas des contrats de propriété. Cet acte est considéré par les exploitants libres de stations-service comme «une infraction de la loi commerciale». Certaines sources proches de Naftal, affirment que la compagnie oeuvre «à élargir le cercle de ses propriétés en récupérant des stations d'essence gérées par des privés depuis l'indépendance», en définissant la relation par des contrats de location de gestion, surtout que l'entreprise «oeuvre à concentrer les efforts de ses investissements au renouvellement et à la modernisation des infrastructures de stockage, de distribution et de réorganisation de ses activités pour faire face à la compétition». La relation ambiguë qu'elle a avec les gérants libres ne lui a pas permis d'intervenir pour moderniser les structures de ces stations, ajoute-t-on. Un argument que la Fédération des exploitants libres des stations-service refute. «Nous refusons la signature du contrat dans la forme et dans le fond», a déclaré M.Boudjemlal. Selon lui, ce contrat ne donne aucune garantie de pérennité à l'exploitant. De ce fait, les représentants demandent à revoir l'appellation du contrat par convention et surtout revoir l'article 28 du contrat qui stipule, qu'en cas de décès du gérant de la station, les ayants droit ne peuvent prendre la succession. Les membres de la fédération posent aussi le problème de propriété des stations dont certains les gèrent depuis plus de 50 ans. Dans une lettre adressée au président de la République, les représentants de cette fédération l'invitent à intervenir dans cette affaire et soulignent le droit à être privilégiés au cas où il s'agirait de cession des biens de l'Etat. Selon eux, cette lettre n'a pas été du goût des responsables de l'entreprise Naftal qui, depuis, affichent «leur chantage» aux gérants des stations-service en expédiant des mises en demeure et des ultimatums pour signer le contrat avant le 31 de ce mois. «Ces pressions ont été confirmées par des témoignages des exploitants libres de Sidi Bel Abbès, Tizi Ouzou et Chlef qui ont subi des suspensions de livraison ayant atteint 12 jours et des menaces écrites d'expulsion assorties d'un ultimatum pour parapher le document contractuel», indiquera le président de la fédération. «Si Naftal exécute sa menace, la grève sera immédiatement déclenchée», lancera, pour sa part, Mohamed Bourezk, l'un des représentants de la fédération qui ajoute qu'elles sont 800 stations-service concernées par ce contrat. Les exploitants libres des stations-service dites GL ont décidé, à l'unanimité, la mise en place d'un moratoire de trente jours suivi d'un préavis de grève de quinze jours à partir du 15 janvier. Au cas où la menace est mise à exécution, c'est un pan de l'économie nationale qui prendra un sacré coup. De ce fait, vaut mieux mettre un peu d'eau dans son gaz.