Le modèle d'implantation proposé en Algérie est à l'opposé de l'usine marocaine de Tanger, où 85% de la production de voitures low-cost seront exportées vers l'Europe. Le projet d'implantation d'une usine Renault en Algérie va-t-il enfin se concrétiser ? Le projet qui avançait lentement à cause de divergences entre le constructeur français et les autorités algériennes pourrait bien être relancé. Le quotidien français le Figaro a annoncé jeudi qu'un accord-cadre a été signé le 25 mai dernier «en vue de la création d'une usine en Algérie, pour accompagner le développement du marché local». Le quotidien français précise toutefois que ce n'est qu'un accord préalable et que «les négociations continuent pour un accord définitif, à une échéance non précisée». Hier, c'était à une porte-parole du groupe de confirmer l'information sans pour autant aller dans le détail de ce qui a été convenu. Le contenu de l'accord est donc pour l'heure inconnu et ne fait figure pour le final que d'entente de principe, d'autant qu'on indique qu'il reste à s'entendre entre les deux parties sur des points importants de l'accord. La capacité de l'usine est en effet sujette à des désaccords. Les propositions de Renault restent en effet loin de ce que exigent les Algériens. En effet, le Figaro, qui cite «un bon connaisseur du constructeur», indique que Renault table sur une cadence initiale de 25 000 voitures par an. «Capacité qu'elle pourrait augmenter à moyen terme en fonction du succès commercial et du développement du tissu fournisseur», précise-t-il. Une implantation qui commencerait notamment par la fabrication de la Symbol qui est considérée comme le modèle le plus vendu sur le marché algérien. Aussi, la fabrication algérienne ne devrait être destinée qu'au seul marché local, a encore confirmé hier le constructeur français. On l'aura donc compris, le modèle d'implantation proposé en Algérie est à l'opposé de l'usine marocaine de Tanger où 85% de la production de voitures low-costs seront exportées vers l'Europe en plus de la production de pièces détachées qui est intégralement destinée à alimenter les usines de Renault dans le monde. Il est clair que cette offre ne pourrait en aucun cas satisfaire les négociateurs algériens, car ils misent en premier lieu sur une capacité annuelle initiale de 75 000 unités correspondant aux ventes actuelles du groupe sur le marché algérien. Capacité appelée à être augmentée à 150 000 unités par an. Aussi, les autorités algériennes ont clairement affiché leurs velléités en termes de taux d'intégration et de production destinée à l'exportation vers les marchés africains. Les responsables de Renault refusent aussi le lieu de l'implantation de l'usine proposée par les Algériens. Les négociations achoppent toujours sur ce point. Le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements souhaite en effet que l'usine Renault soit implantée dans la zone industrielle de Bellara, à proximité du port de Djendjen (wilaya de Jijel), zone qu'il entend convertir en zone franche. Faible culture industrielle Ce choix a été motivé par le souci de garantir l'équilibre régional en matière d'investissements. Une vision que les responsables du groupe français ne partagent pas. Renault préfère s'implanter sur le site de la SNVI dans la zone industrielle de Rouiba à Alger, «de façon à ce que les voitures soient fabriquées près de là où elles sont achetées et dans une zone où on peut recruter de la main-d'œuvre qualifiée». Les représentants du groupe français taclent d'ailleurs l'approche des responsables algériens dont ils critiquent «la faible culture industrielle». C'est d'ailleurs en ces termes qu'un des responsables du constructeur français a expliqué, en février dernier, les raisons de la lenteur des négociations qu'il a décrites comme compliquées. Cependant, et même s'ils ont tendance à critiquer le cycle de négociations, les responsables de Renault s'accrochent au projet d'usine en Algérie et semblent multiplier les déclarations afin de maintenir la pression. Il va sans dire que malgré les contraintes de l'environnement des affaires en Algérie, le marché est juteux pour le constructeur automobile qui a augmenté ses ventes en Algérie de 18% en 2011. Aussi, le marché algérien est 5 fois plus grand que celui du Maroc. Autant de raisons qui expliquent pourquoi Renault ne compte pas «laisser sa place à un rival», explique une source du groupe au Figaro laquelle ajoute qu'ils attendent «un véritable accompagnement de l'Etat et non pas du dirigisme. Il y a quelques mois, la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (CFCIA) expliquait que Renault a «besoin d'un site en Algérie», d'autant que dans une conjoncture marquée par la fermeture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc, le seul moyen de faire venir des voitures sur le marché en Algérie est de passer par la voie maritime. Ce qui induit des coûts élevés pour le constructeur qui fait aussi face à la concurrence d'autres constructeurs qui veulent implanter des usines en Algérie, notamment l'allemand Volkswagen.