En dépit de son importance, le thème n'a pas bénéficié d'un traitement critique à la hauteur des attentes de l'assistance, déçue par des débats ternes et sans impact. La différence entre adoption plénière et kafala du point de vue du droit canonique (chariâ) et celui juridique, a fait, avant-hier, l'objet d'un «colloque» initié conjointement par l'union nationale de l'ordre des avocats et l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader à la salle de conférences Ibn Badis, de la même institution. A part qu'on s'est beaucoup congratulé et complimenté, et rappelé avec insistance que l'Algérie est toujours parmi les premiers pays à ratifier les conventions internationales à caractère humanitaire, aucune vraie dénonciation de la réalité et de la situation dramatique des pupilles de l'Etat n'a été faite. Le même éternel chiffre de 3000 nouveaux-nés abandonnés par an a été encore avancé, alors que d'aucuns affirment qu'il faut multiplier celui-ci par 10, sinon plus. Concernant les centres d'accueil, il en existe 50 au niveau du territoire national, entre mixtes de 0 à 6 ans, et pour filles ou garçons de 6 à 18 ans ; mais qu'en est-il au-delà de 18 ans ? A Constantine, l'on compte deux centres pour enfance assistée, celui de Ziadia, qui accueille les garçons, -petits et grands entassés dans une inconcevable promiscuité, et celui du Chalet des Pins, où les filles ne sont guère mieux loties. Le directeur de l'action sociale a informé que cette année, 45 enfants ont été adoptés par kafala dans la wilaya. Selon lui, un nombre considérable de demandes d'adoption n'ont pu être encore satisfaites. Toutefois, il serait intéressant de relever, qu'au-delà du «discours populiste», selon le mot d'une personne parmi l'assistance, des citoyens courageux ont tenté, succinctement, durant le peu de temps qui leur a été imparti, d'alerter sur la réalité et le devenir souvent dramatique de la plupart de ces enfants dans notre société. A ce propos, la présidente d'une association pour la protection de l'enfance à Batna, Mme Souad Bensalah, lancera ce cri du cœur: «Où est l'humanité quand des adoptants se désistent lâchement de leur responsabilité au moindre problème rencontré avec l'enfant adopté ? Beaucoup ont été renvoyés en pleine crise d'adolescence; ils sont alors livrés à la prostitution et à la délinquance. Les centres d'accueil prévoient une garde de 0 à 18 ans, mais au-delà, qu'en est-il ?» Me Fatiha Baghdadi, militante pour les droits des femmes, ira dans le même sens, en soulevant en plus le problème des enfants nés hors mariage, non inscrits sur le livret de famille, qui se retrouvent confrontés à d'insurmontables tracas administratifs. Un sujet très grave…