Littérature jeunesse ou du monde, spectacles, cinéma, ateliers… La cinquième édition du Festival international de la littérature et du livre de la jeunesse se tiendra du jeudi 14 au vendredi 22. El Watan Weeek-end vous fait découvrir en exclusivité les écrivains du monde qui participent aux débats littéraires. Rendez-vous à l'esplanade de Riad El Feth. -1- Du boom des biographies en Algérie De Barack Obama à Mustapha Ben Boulaïd en passant par Malek Bennabi, les biographies ont la cote dans nos librairies. Genre tendance depuis quelques années, le livre biographique touche tout le monde, artiste, politique et parfois sportif. La biographie assure la pérennité du travail intellectuel et personnel du personnage. C'est souvent l'assurance de remettre un parcours de vie fiable, puisqu'illustré et enrichi en documents inédits et photos. Au Feliv, cette année, plusieurs auteurs viendront parler de ces parcours de vie souvent insolites. En sa qualité de chanteur et écrivain, Magyd Cherfi interviendra pour présenter ses ouvrages. Français d'origine algérienne, membre du groupe Zebda, Magyd Cherfi a écrit deux livres parus chez Actes Sud Livret de famille et La trempe. L'auteur y traite de son parcours, ses expériences et ses révoltes. Souvent avec un ton ironique et sarcastique, un peu comme dans ses textes de chanson. Dimanche 17 juin.
-2- Kader Abdolah, l'homme le plus mystérieux du Feliv Mais qui est vraiment Kader Abdolah ? Vous pourrez toujours tenter de le découvrir au Feliv… Cet ancien étudiant en physique de l'université de Téhéran a publié deux recueils de contes sous le nom de deux membres de l'opposition exécutés, Kader et Abdolah. Un pseudonyme particulier pour ce réfugié politique (aux Pays-Bas), dont les livres traitent souvent de l'homme déraciné et livré à lui-même. Doué d'un talent de conteur qu'on devine dès qu'il prend la parole, il appartient désormais à cette petite famille d'écrivains capables d'emprunter et de s'approprier une langue étrangère pour composer une œuvre. Celle de cet auteur iranien nourri des écrits de Hugo et de Hemingway pourrait être prolifique. «J'ai publié huit livres, mais ils ne représentent qu'une infime partie de moi, confie-t-il. Chacun de mes ouvrages creuse un trou en moi, comme si j'étais une montagne qu'on exploitait, et je ne m'arrêterai que lorsqu'il n'y aura plus rien, lorsque je me serai complètement épuisé…» Lundi 18 juin.
-3- La révolution a fait naître une littérature de résistance La littérature tunisienne est au cœur du Feliv avec la présence de Habib Selmi. Il faut dire que la révolution du Jasmin a fait naître une nouvelle forme de littérature francophone en Tunisie dont les stars s'appellent Mohamed Sayah, Fethi Benslama ou Youcef Seddik. Les écrivains tunisiens savaient depuis de longues années qu'ils vivaient une crise. Malgré la censure, les auteurs arabophones se sont essayés à publier leurs livres, parfois loin de leur terre natale. La production littéraire francophone est, depuis la chute de Ben Ali, en pleine explosion. Car pour toucher la communauté francophone dans le monde, ils doivent écrire en français, ce qui donne un nouveau souffle à leur littérature. Le romancier tunisien Habib Selmi (arabophone) y reviendra. Il est l'auteur de plusieurs romans traduits en français : Les humeurs de Marie-Claire, La nuit de l'étranger, Les amoureux de Bayya et Le Mont des chèvres et fut finaliste de l'Arab Booker Prize. Samedi 16 juin.
-4- Avant d'aller voir Mabanckou... Romancier et professeur de littérature à Los Angeles, Mabanckou – qui n'en est pas à sa première visite en Algérie – soulèvera la problématique de la décolonisation de la littérature, en compagnie de Yahia Belaskri et de l'auteur malgache Jean-Luc Raharimanana. Le débat est essentiel, particulièrement aujourd'hui, où la littérature africaine est exportée partout dans le monde. Par racisme où par simple complaisance, plusieurs auteurs africains sont ainsi confinés dans des collections où le critère de sélection des ouvrages reste d'abord l'origine. Quand ils ne sont pas condamnés à se faire publier par des éditeurs de seconde zone, on les installe dans un mauvais rôle, celui d'auteur misérabiliste venu des colonies. Avant d'aller voir ou plutôt écouter Mabanckou (très bon orateur), n'oubliez pas de lire Black Bazar (savoureuse histoire d'un dandy congolais à Paris) ou Mémoires de porc-épic, récompensé par le prix Renaudot. Jeudi 21 juin.
-5- Ken Bugul et les héritiers de Léopold Sédar Senghor Une des voix essentielles de la littérature africaine, Ken Bugul, écrivaine sénégalaise, sera au Feliv. Habituée aux rencontres littéraires internationales, Mariètou Mbaye Biléomaest, alias Ken Bugul (pseudonyme qui signifie en wolof «personne n'en veut»), a longtemps fait briller la littérature sénégalaise. Le pays de Léopold Sédar Senghor, ardent défenseur du concept de négritude, a donné à l'Afrique des auteurs célèbres comme Aminata Sow Fall, Abdoulaye Sadji et Cheikh Hamidou Kane dont les livres sont devenus des classiques, aujourd'hui lus et étudiés dans toutes les écoles du Sénégal, d'Afrique et du monde. La littérature sénégalaise est imprégnée des influences arabe et européenne, mélangées au désir de progrès et attachement à la tradition populaire. Le style est vivant, réaliste et profondément humain. C'est l'une des plus importantes de l'Afrique francophone. A découvrir absolument. Mardi 19 juin.