Deux plaintes viennent d'être déposées par les services des Douanes contre la société publique chinoise ZTE Algérie pour une affaire de surfacturation. Condamnée mercredi dernier par le tribunal d'Alger à une amende de 3 millions de dinars et une exclusion des marchés publics pour une durée de deux ans pour une affaire de corruption, la société chinoise ZTE Algérie vient d'être épinglée par les services des Douanes pour une affaire de surfacturation pour laquelle une amende 410 millions de dinars a été prononcée. C'est à la faveur de l'affaire de l'ancien conseiller du PDG d'Algérie Télécom, Mohamed Boukhari (condamné par le pôle judiciaire spécialisé d'Alger à 18 ans de prison) que les services des Douanes se sont intéressés aux opérations commerciales d'importation d'équipements de télécommunication. Selon des sources proches de l'institution, vers la fin de 2001, le contrôle a posteriori effectué par l'administration douanière auprès des fournisseurs de la société publique chinoise a permis de lever un lièvre. De nombreuses factures relatives aux opérations d'importation se sont avérées majorées. Le contentieux provisoire s'élève, d'après nos interlocuteurs, à 410 millions de dinars. Deux plaintes ont été déposées par les services des Douanes auprès du parquet d'El Harrach près la cour d'Alger, alors que les enquêtes d'authentification se poursuivent auprès des fournisseurs de ZTE et concernent de nombreuses autres opérations d'importation sur plusieurs années. Les dirigeants de l'entreprise de cette époque sont actuellement en fuite et un mandat d'arrêt international a été lancé à leur encontre, au même titre qu'une autre société chinoise, Huawei Algérie, à l'issue du procès de l'ex-conseiller du PDG d'Algérie Télécom, Mohamed Boukhari et de l'homme d'affaires algéro-luxembourgeois Chani Mejdoub. Ils avaient été condamnés à une peine maximale de 10 ans de prison pour leur implication dans une affaire de corruption et de blanchiment d'argent à travers des transactions douteuses effectuées durant les années 2003 et 2006 alors q'ils venaient de décrocher des marchés pour l'installation de téléphonie fixe. Ils avaient signé des contrats de consulting avec Boukhari, auquel ils ont demandé de créer des sociétés fictives avec des comptes offshore, avec l'aide de Chani Mejdoub, pour recevoir des fonds de la société mère. D'un montant de 9 millions d'euros, ces sommes ont été virées au nom des sociétés fictives de Boukhari et devaient, selon celui-ci, être partagées à parts égales avec les Chinois. Lors du procès tenu le 23 mai dernier au tribunal d'Alger, les représentants de cette société se sont défendus en mettant tout sur le dos de leurs anciens cadres en fuite. Ils se sont présentés comme étant les «grandes victimes» de l'affaire puisque, ont-ils soutenu, «c'est l'argent de la société mère domiciliée en Chine qui a été détourné». En tout état de cause, ZTE Algérie est actuellement dans une situation très difficile, d'autant qu'elle n'a plus le droit de soumissionner aux marchés publics durant une période de deux ans. Il est à craindre que la société mette la clé sous le paillasson si le contrôle a posteriori en cours au niveau des services des Douanes s'avère fructueux. Il est important de préciser que la pénalité de 410 millions de dinars imposée par l'administration douanière ne représente qu'une partie du contentieux. Affaire à suivre…