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Lettre à un jeune ami. Faire confiance au peuple algérien
La chronique de Maurice Tarik Maschino
Publié dans El Watan le 13 - 06 - 2012


Cher Mustapha,
Je te remercie de ta confiance. Et puisque tu me demandes de te dire «franchement» ce que je pense de cet article que tu me soumets avant de le proposer à un quotidien algérien, je vais te répondre sans détours. Quand j'ai lu ton texte, j'ai été saisi de stupéfaction. Moins à cause de ce que tu écris que de sa tonalité générale.
Même si, dans le détail, on pourrait discuter – sur la société algérienne considérée globalement comme «une société de haine» (?), sur «l'amour» des autres, à l'inverse, qui aurait «de beaux jours devant lui en France» (!), sur les injures maghrébines qu'on essuierait dans le métro (?) –, même si, me semble-t-il, bien des nuances devraient être introduites, ce n'est pas cela qui m'a d'abord saisi. C'est le ton, agressif du début à la fin, cette sorte de rejet brutal, intégral et de l'Algérie et des Algériens. Je n'aurais pas connu l'auteur, j'aurais pensé, spontanément, que ce texte était écrit par un nostalgique de «l'Algérie française» ou un Français profondément hostile aux «Arabes».
Et cela me gêne énormément. Et pour deux raisons.
La première, parce que la réalité est quand même beaucoup plus nuancée. J'ai fait un reportage sur l'Algérie en 2004, j'y ai bien constaté ce que tu relèves – la corruption, l'absence de démocratie, l'arrogance des puissants, la pesanteur du conformisme… – mais j'ai rencontré aussi des femmes extrêmement courageuses, des médecins qui songeaient moins à s'enrichir qu'à soigner, des intellectuels très ouverts, des jeunes très disponibles…Le livre que j'en ai rapporté – L'Algérie retrouvée – est certes très critique, souvent dur, mais ce n'est en rien un livre de rejet. Probablement aussi – mais pas seulement – parce que le regard que je porte sur l'Algérie, comme sur la France, ne recoupe pas l'expérience que tu as de ces pays. Je ne connais la tienne que dans ses grandes lignes : après des études supérieures en France, tu es revenu en Algérie pour «la servir» comme tu dis, convaincu qu'avec tes diplômes de haut niveau en économie, tu trouverais facilement un emploi. Vain espoir : ta qualification n'intéressait personne et comme personne, dis-tu, ne te «pistonnait», tu as frappé en vain à toutes les portes. Ecœuré par «un pays où les maffias font la loi», tu es reparti en France. Peu après, tu as été engagé par une grande société tunisienne. Je comprends ton amertume, mais rien, dans mon expérience, ne rejoint la tienne. Excepté sur un point : le rejet de l'autre, de l'étranger ou de l'étrange, si répandu en France.
Comme toi, j'en ai été l'objet : dès l'école communale, à cause de ma mère russe et de mon père d'origine italienne, j'ai fait l'expérience du racisme. Une expérience qui, au fil des ans, s'est «enrichie», mais toujours dans la même direction. Si bien qu'à 19 ans, j'ai quitté la France et suis parti enseigner au Maroc. Si l'épreuve du racisme français nous est commune, j'ai de l'Algérie et des Algériens une expérience très différente de la tienne. Les Algériens m'ont sauvé des gendarmes français qui me poursuivaient quand, en 1956, je me suis insoumis, puis ils m'ont accueilli et, à aucun moment de ma vie parmi eux, ni quand je me suis marié avec Fadéla (imagines-tu la réaction d'une famille française si l'une de ses filles, à la Libération, avait épousé un Allemand ?), ni plus tard quand Fadéla, après la publication de ses premiers livres, a été l'objet d'une campagne médiatique de diffamation, ni plus tard encore, quand j'enseignais à Emir Abdelkader et que le proviseur me protégeait de la curiosité de la Sécurité militaire qui venait régulièrement s'informer de ma conduite, à aucun moment, donc, je n'ai été l'objet d'un quelconque rejet. Et je me suis toujours senti beaucoup plus à l'aise au milieu des Algériens qu'au milieu des Français. -De tout cela, il résulte que le regard critique que je porte sur l'Algérie d'aujourd'hui reste, malgré tout, un regard du dedans, un regard empreint d'une amitié et d'un attachement qui me paraissent totalement absents de ton «papier».
C'est pourquoi tu devrais le reprendre. Eliminer ce qu'il peut y avoir d'excessif dans tes propos, les nuancer, d'autant plus qu'à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance, les bilans négatifs, sous prétexte d'objectivité, ne manqueront pas : pour la majorité des Européens, et en particulier des Français, l'Algérie n'a pas bonne presse. Ce qui manquera, très probablement, à la plupart des articles, si justes soient leurs constats, ce sera cette empathie qui, sans brouiller le regard, fait confiance à l'avenir, à la capacité d'un peuple d'écrire autrement l'histoire et de construire un pays qui, comme il y a 50 ans, provoquera peut-être l'admiration du monde.
Tu sais bien, cher Mustapha, que ce regard qui, au-delà d'un présent assurément amer, fait confiance à l'avenir, ne peut être qu'un regard d'Algérien. Et la tâche, me semble-t-il, des intellectuels de ce pays, quand ils dénoncent les tares qui le défigurent, est de se situer aussi dans la longue durée, quand les malfaisants et autres malfaiteurs d'aujourd'hui n'occuperont même pas une note de bas de page dans les livres d'histoire.
(*) Maurice Tarik Mashino dédicacera son dernier ouvrage L'Algérie toujours, chronique d'une vie (édition Dalimen) le samedi 16 juin à partir de 14h30 à la librairie du Tiers-monde.


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