Faroudja Amazit d�die son nouveau livre Belles et Rebelles. Les deux rives (�ditions Bruno Leprince, France) � �toutes les femmes au-del� des mers�. Faroudja Amazit, n�e � Neuilly, en France, de parents alg�riens, dresse le portrait de femmes qui ont embrass� les deux bords de la M�diterran�e : Fadela Amara, Soumia Bela�di Malinbaum, Malika Boulahis, Djura, Fadela Hebbadj, Djima Kettane et Rayhana. Ces sept femmes livrent, avec pudeur et �motion, leurs diff�rences, leurs peurs, le poids du silence et du regard des autres. Rencontr�e � Alger, l�auteure du livre Les larmes invisibles a bien voulu nous parler de son nouvel ouvrage, un vrai beau livre, dans tous les sens du terme. Le Soir d�Alg�rie : Question incontournable : pourquoi ce livre ? Faroudja Amazit : A l�occasion des 50 ans de l�ind�pendance de l�Alg�rie, j�ai voulu mettre � l�honneur des femmes des deux rives de la M�diterran�e, car nous avons une histoire commune. A travers le parcours de ces femmes, j�ai aussi voulu rendre hommage et exprimer le parcours et l�engagement de nos m�res et nos grands-m�res qui ont particip� � la lutte pour l�ind�pendance de l�Alg�rie. En France, on parle souvent de la femme tunisienne ou marocaine et peu de la femme alg�rienne. J�ai �galement voulu montrer que l�Alg�rienne est une femme exceptionnelle. A travers l�exemple de ces femmes, ministres, artistes, intellectuelles, je cherche � changer cette image et ce regard que certains portent sur nous. Nous sommes fran�ais, mais nous avons gard� nos origines et notre culture. Nous avons notre propre histoire que nous n�allons en aucun cas renier parce que nous sommes Fran�ais. Au contraire, �tre fran�ais nous a permis de conna�tre deux cultures exceptionnelles. Les femmes de votre livre sont vraiment belles. Mais �rebelles�, c�est dans quel sens ? Sont-elles des mod�les de r�ussite ? Elles sont belles, c�est aussi par rapport � leurs parcours. Elles ont toutes eu des probl�mes durant leur enfance ou leur adolescence. Elles sont toutes parties d�un drame, pour devenir plus tard des femmes lumi�res. Deux d�entre elles, Djura et Soumia Bela�di, ont re�u la L�gion d�honneur. Rebelles, c�est parce qu�elles ne sont pas fatalistes et elles ont pu se surpasser. Elles font partie de ce peuple alg�rien tr�s fier. Oui, elles sont des mod�les de r�ussite, si on voit leurs origines modestes et toutes les difficult�s qu�elles ont rencontr�es dans la vie. Ainsi, tout est possible dans la vie : quand on a la volont�, la foi et la confiance en soi, on peut aller jusqu�au bout de ses r�ves. Pourquoi pr�cis�ment ce titre de �Belles et rebelles� qu�on a d�ailleurs l�impression d�avoir d�j� entendu r�cemment ? L�Alg�rie est belle et rebelle. D�ailleurs, M�lanchon a, un peu, utilis� le titre de mon livre comme slogan de sa campagne �lectorale. L�Alg�rie est indomptable et magnifique. Je viens toujours chercher l�inspiration aupr�s de son peuple. L��motion est d�ici, tandis que la structure se fait en France. Dans votre livre, toutes les femmes ont des tatouages et portent des costumes traditionnels dans certaines photos... C�est aussi un hommage � ma m�re. Ma famille, dans les ann�es 1949-50, est la premi�re famille d��migr�s alg�riens install�e � Neuilly-sur-Seine. Dans les rues de cette ville riche, les gens montraient du doigt ma m�re � cause de ses tatouages et sa mani�re de s�habiller. J�ai voulu dire que cette tradition est un signe de beaut�. Ces photographies sont aussi un m�lange de deux cultures : l�occidental, celle de la France, et l�orientale, celle de l�Alg�rie. Les photos sont de Jean- Philippe Somme, un sp�cialiste du noir et blanc. Il a aim� l�Alg�rie et a absolument voulu participer � ce travail. Aux c�t�s des portraits et du parcours de ces femmes, il y a aussi des fictions. Pourquoi ? Chaque portrait est une r�alit�. Mais je me suis souvent dit : �Que serais-je devenue si mes parents �taient rest�s dans notre village kabyle ?� J�ai pos� des questions dans ce sens aux femmes de mon livre. Toutes ces femmes m�ont donn� un lien ou parl� d�un r�ve... qui, parfois, peut devenir r�alit�. Quelle est cette �Maison aux quatre lettres d�or� dont vous parlez dans l�ouvrage ? Je travaille depuis 24 ans dans cette maison. C��tait un extraordinaire cadeau de la vie pour moi, la fille de montagnards, et �a a boulevers� ma vie. Cette maison m�a appris un savoir-�tre et un savoir-faire que je voudrais transmettre � la jeunesse alg�rienne. On vous laisse conclure� Quand je viens en Alg�rie, je vais voir SOS village d�enfants de Draria � qui j�ai fait don des droits de mon premier livre. Je consid�re que c�est quelque chose de tr�s important cet engagement pour la protection de l�enfance et pour la dignit� humaine.