Le travail de thèse que vient de présenter Mourad Aribi à l'université de Sidi Bel Abbès, le 21 février dernier, en vue de l'obtention du titre de docteur avait pour objectif la mesure des fréquences des antigènes HLA DR3 et/ou DR4 associés au diabète de type 1 (DT1) chez la population de Tlemcen, caractérisée par ses mariages consanguins. Le chercheur mettra en évidence l'association de l'Interleukine 1 ßéta (IL-1ß) avec le DT1 avant de confirmer l'existence de liens entre l'IL-1 ß et le cholestérol total, les triglycérides et les lipoprotéines de faible et de haute densités liées au cholestérol. Il mesurera également les taux circulants de la protéine C-réactive (CRP) et ceux de l'hémoglobine glyquée. Le jury que présidait le professeur Abdennaceur Tou, spécialiste en anatomie pathologie, soulignera la rigueur des aspects méthodologiques adoptés par le candidat et son encadreur, le Pr Soraya Mousselhoum, afin de mener à bien cette première étude du genre. Venu spécialement de l'Université de Bourgogne, le Professeur Naim Akhram Khan - connu pour ses nombreux travaux en physiologie et en immunologie - soulignera les qualités didactiques du chercheur ainsi que la rigueur des résultats, notamment par la mise en évidence de facteurs génétiques responsables de l'apparition précoce du DT1 chez la population cible. Unanimement, les membres du jury reconnaîtront aux travaux conduits par ce jeune chercheur, la pertinence, l'originalité et la prodigalité. Ils souligneront avec force les avancées auxquelles est parvenue l'équipe de recherche des universitaires de Tlemcen et de Sidi Bel Abbès dans le domaine de l'investigation précoce du diabète juvénile, notamment par le recours à des techniques analytiques d'une très haute précision. Des dosages dont la complexité n'aura aucune prise sur le chercheur qui parviendra, en l'espace de 5 années, à mesurer un ensemble de paramètres impliqués dans les processus auto-immuns, responsables de la destruction des cellules bêta des îlots pancréatiques de Langerhans. Un processus auto-immun, à l'origine du diabète C'est cette destruction sélective des cellules productrices d'insuline qui est à l'origine du DT1. La mise en place progressive du DT1 résulte de désordres complexes caractérisés par une hyperglycémie chronique et une intolérance au glucose subséquente à l'absence d'insuline. L'auteur soulignera également que la destruction des cellules bêta serait consécutive à un processus auto-immun, se traduisant par un déséquilibre de la balance immunologique entre les lymphocytes T helper, Th1 et Th2. Ainsi, l'augmentation des Th1 se traduit par une forte activation des cellules T cytotoxiques, responsable de la mort cellulaire par apoptose. Une fois activés, les macrophages secrètent l'interleukine-1ß, dont les taux circulants mesurés chez le panel expérimental sont une preuve significative de l'implication de cette cytokine dans le processus inflammatoire du diabète de type 1. Cette démonstration permet ensuite au chercheur d'affirmer sans aucune contestation possible - nombreux traitements statistiques à l'appui - que chez la population expérimentale, l'IL-1ß est impliquée dans la pathogenèse du diabète juvénile. Par ailleurs, les taux plasmatiques de l'IL-1ß changent de manière significative avec les taux de certains lipides sériques. Autant de paramètres mesurables qui devraient permettre un dépistage précoce de cette pathologie chez les populations prédisposées. Par ailleurs, le chercheur suggère d'autres pistes de recherche afin de mieux cerner les facteurs génétiques ou humoraux impliqués dans les mécanismes du déclenchement de l'auto-immunité qui provoquent la destruction progressive et irréversible des cellules bêta, responsables de la synthèse de l'insuline. D'où une élégante suggestion tendant à induire l'inhibition du contact entre cellules T autoréactives et cellules bêta, qui pourrait prévenir, chez des sujets prédisposés, le déclenchement des processus cytotoxiques. Un dépistage précoce salutaire En conclusion, Mourad Aribi rappelle que l'analyse des cytokines pourrait constituer un test de dépistage spécifique et plus précoce du diabète de type 1. S'appuyant sur les observations rapportées dans son travail expérimental, mettant nettement en évidence l'association de l'IL-1 ß dans les processus multifactoriels à l'origine du diabète de type1 - qui concernent essentiellement la population infantile-, l'auteur souligne que la détection des anticorps anti-îlots ouvre la voie à une thérapie dès l'apparition de la phase de prédiabète. L'alternative du dépistage précoce permettrait aux sujets prédisposés d'être alertés à temps afin de contenir les facteurs environnementaux et nutritionnels qui participent pour une grande part aux causes d'apparition du DT1. Celui-ci est la forme la plus grave de la maladie et qui atteint pas moins de 500 000 patients sur un total d'environ 2 millions de diabétiques recensés.