En 2009, Mahmoud Sarsak, espoir du football palestinien, quittait Ghaza en quête de gloire dans un club de Cisjordanie. Arrêté au passage par Israël, Mahmoud entame une grève de la faim depuis plus de 80 jours pour la levée de sa détention sans jugement. Lundi, l'administration pénitentiaire israélienne a annoncé que Sarsak, 25 ans, avait cessé sa grève de la faim, ce que démentent ses proches. Originaire de Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, il rêvait depuis son jeune âge de devenir footballeur professionnel. Encore adolescent, il joue pour la sélection nationale, attirant l'intérêt des recruteurs, dont ceux du club de Balata, dans le nord de la Cisjordanie, qui l'engage. Mais son transfert s'arrêtera le 22 juillet 2009 au terminal d'Erez, entre la bande de Ghaza et Israël, où il est arrêté par les forces israéliennes en tant que «combattant ennemi». «Nous avons été surpris d'apprendre qu'il avait été arrêté à Erez, alors qu'Israël lui avait accordé une autorisation de passage de Ghaza vers la Cisjordanie», déclare un responsable du club du camp de réfugiés de Balata, Mahmoud Sarsak, qui s'est joint le 23 mars à la grève de la faim de quelque 1600 à 2000 détenus palestiniens d'Israël. Ce dernier a repris son action, malgré l'arrêt de ce mouvement collectif après un accord le 14 mai avec l'administration pénitentiaire. Il réclame l'engagement écrit que sa détention ne sera plus renouvelée et d'être relâché en juillet. Son avocat a indiqué que «le service de sécurité israélien allait examiner jeudi son dossier secret, conformément à une décision de la Cour suprême. S'il n'y a pas de preuve supplémentaire que Mahmoud Sarsak représente un danger pour Israël, il devra être libéré», a-t-il ajouté. Manifestant devant le QG du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Ghaza, la mère de Mahmoud Sarsak accuse les Israéliens de «vouloir tuer Mahmoud. Pourquoi le monde reste-t-il silencieux ?» «Nous appelons les clubs arabes et européens à sauver la vie d'un footballeur», renchérit le frère, Imad. «Nous ignorons pourquoi il est détenu. Il n'a rien à voir avec la politique.» A Rafah, une grande photo du détenu est accrochée à un mur de son ancien club. «Nous demandons aux clubs de football à travers le monde, d'exprimer leur solidarité avec Mahmoud», déclare Jamal Abou Amira, président du comité sportif local. De fait, son sort a suscité l'émotion dans le monde entier. Le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter, a exhorté mardi la Fédération israélienne (IFA) à intervenir en faveur des joueurs palestiniens «détenus de manière prétendument illégale», citant Mahmoud Sarsak. Le 5 juin, à Paris, trente militants se sont enchaînés dans les locaux de la Fédération française de football (FFF) pour demander sa libération. La Ligue des droits de l'homme (LDH) et Amnesty international, entre autres, ont aussi exhorté Israël à le libérer. Depuis fin mai dernier, Mahmoud Sarsak absorbe du glucose et des vitamines. Mais sa famille, qui n'a jamais pu lui rendre visite, craint le pire. Comme le résume son père, 70 ans, récemment victime d'une crise cardiaque, qui redoute de ne pas pouvoir jouer encore longtemps les prolongations : «Je veux le voir avant de mourir.»