Près de quinze mois après la démolition du quartier Becourt et l'arrêt de l'opération suite à la polémique qui s'en est suivie, des commerçants et des résidants ne cessent d'exiger leur droit à une indemnisation logique et tenant compte de la situation du lieu. Deux hectares laissés donc en « jachère » et devenus une aire de dépôt d'ordures, un lieu de rencontre pour des couples en manque de sensations fortes, des toilettes publiques pour passants pressés... L'absence d'éclairage public incite au regroupement de bandes s'adonnant à l'ivresse sous toutes ses formes. Le lieu dit « Bab Rahba » ne signifie plus la bienvenue et les commerces alentour se plaignent de la désertion de la clientèle tant les recoins sont mal famés. Et avec la détérioration des canalisations des eaux usées, il plane des odeurs et senteurs insoutenables. A l'époque, les services de la wilaya dépassaient leurs prérogatives et tentaient de vider à l'emporte-pièce le quartier afin de présenter un terrain « vierge » apte à recevoir la visite du président Bouteflika pour le lancement d'un projet moderne sans avoir tenu compte du mécontentement de la population qui sortira dans la rue et arrivera jusqu'à annuler la visite présidentielle. C'était l'époque également où était recherchée la tête du président de l'Apc, M. Mellek, récalcitrant à tout projet de la wilaya qui allait à l'encontre des intérêts de la population. Mis dans le même sac que quatre autres présidents d'apc pour l'affaire dite des factures « surfacturées » alors qu'il avait été le seul parmi eux à ne pas signer l'ordre de versement totalisant près de cinq milliards de centimes pour des fournitures destinées à des familles nécessiteuses, il se considère comme lésé dans ses droits les plus élémentaires. Suspendu depuis la fin du mois de mars dernier, soit depuis une année, il nous dira : « J'ai voulu mettre le holà à la dilapidation des deniers publics en tant qu'élu du peuple, et j'ai été doublement sanctionné pour avoir sauvegardé ces mêmes deniers. Aucun chef d'inculpation n'est retenu contre moi, et je n'ai pas encore été entendu par la justice. » Il poursuivra : « En tant qu'élu du FLN qui a sauvegardé aussi l'image du parti je devais être soutenu par celui-ci mais c'est le silence mortel que j'obtenais en retour. » M. Mellek tiendra rancune même aux députés de son parti : « Où sont-ils eux qui devraient me soutenir ? Existe-t-il des éléments que j'ignore ? » Tous se rappellent les tentatives de retrait de confiance par ses pairs puis le limogeage « illégal » par l'ex-wali, pour mauvaise gestion en date du 30 mars, et le dépôt de plainte en référé de M. Mellek pour annuler cette décision butera sur la décision du ministre de l'Intérieur de suspendre « tout le monde » jusqu'à ce que la lumière soit faite. Une année après, justice n'a pas été rendue. En attendant, la vie continue pour des commerçants sans indemnisation, un maire « propre » sans ressources, une ville sans maire et une wilaya sans wali, alors que l'année 2006 est bien entamée.