En octobre, dans l'hypothèse la plus optimiste, il ne sera réceptionné que 2 000 places pédagogiques nouvelles. Ce qui est loin du compte. Assurément, les nouveaux bacheliers du cru 2012, en sureffectifs à la rentrée universitaire prochaine vont se heurter, pareillement à leurs prédécesseurs, à l'épreuve de l'affectation «provisoire» en dehors de la wilaya. La décision est imparable en raison, encore une fois, du manque de place à l'université Abderahmane Mira qui ploie depuis 2010 sous le poids du nombre de ses effectifs pléthoriques, accablé de surcroît par la carence de ses programmes de réalisation. «C'est une alternative provisoire», a voulu rassurer L'hachemi Djiar, ministre de la jeunesse et des sports, chargé de l'intérim du ministre de l'enseignement supérieur, qui, à l'évidence, ne pouvait tenir un autre langage, tant la situation est complexe à l'université. En octobre, en effet, dans l'hypothèse la plus optimiste, il ne sera réceptionné que 2 000 places pédagogiques nouvelles. Ce qui est loin du compte. Réparti à travers les deux campus d'Aboudaou et Targa-Ouzemmour à raison de 1000 places chacun, le projet est à peine aux gros œuvres. «En quatre mois, il va falloir réaliser toutes les œuvres secondaires, les VRD, les branchements aux réseaux de servitudes publics, et l'équipement», avoue, sceptique, un enseignant à l'université, également perplexe sur «l'état de la prochaine rentrée», d'autant que, par ailleurs, le volet inhérent aux œuvres universitaires, est dans une «situation encore beaucoup plus problématique», dira-t-il. Même son de cloche chez le recteur, Djoudi Mérabet, qui affirme sans ambages que «la rentrée va être très difficile parce que les gens ne sont pas au rendez-vous, notamment en matière de réalisation des infrastructures». «En décembre 2011, un engagement a été pris pour livrer la résidence universitaire, d'une capacité de 1000 lits pour la rentrée prochaine (2012-2013). On en est encore aux terrassements. Pareil, pour les 2000 lits d'Amizour pour lesquels rien n'est fait jusqu'à présent», a-t-il déploré, sans toutefois indiquer du doigt les «parties» à l'origine de ses retards. A l'évidence, parmi les mis en cause s'invite en premier chef la DLEP (Direction du Logement et des équipements Publics), qui pour sa part se dédouane de toute responsabilité. «Nous sommes dans les délais» affirme son directeur, pour qui la livraison des 2000 places pédagogiques en octobre prochain est déjà en soit une «prouesse». Et pour cause ? «Le programme ne nous a été notifié qu'en octobre. Et de plus, il a fallu faire et composer avec une foule de contraintes, dont les intempéries, la concrétisation des procédures auprès du ministère des finances, etc. Mais, avec tout ça on va être au rendez vous», a-t-il promis, soulignant que «le programme intégral attribué à Béjaïa, et qui concerne 12000 places pédagogiques et 6000 lits, sera pour sa part livré dans le sillage de la rentrée 2013-2014». La polémique en tous cas enfle. Et chacun essaie d'amoindrir son rôle dans cette situation d'équivoque, annonciatrice d'une rentrée difficile, d'autant que les effectifs attendus sont absolument trop lourds pour les capacités d'accueil de l'université. En plus de l'arrivée des nouveaux bacheliers, dont le flux est prévisonnellement établi à 10000 étudiants, les effectifs seront amplement amplifiés avec le retour de quelque 4000 étudiants de Béjaïa, orientés faute de place vers les universités de Sétif, Jijel et Bouira, en début d'année. Il y a aussi la cohorte des étudiants, orientés par le ministère vers les filières à recrutement national, et celle de tous les recalés, alors qu'au même moment seuls 4000 à 5000 étudiants diplômés libéreront les lieux. M. Mérabet affirme pouvoir gérer la situation sur le plan pédagogique, en remodifiant les programmes et en recourant à une exploitation optimale des structures, mais reste réservé en ce qui est de la mise en place des conditions d'accueil au plan des œuvres universitaires.Pour s'épargner les tensions prévisionnelles, le ministre a enjoint tous les acteurs concernés à se regrouper dés lundi pour dégager toutes les solutions, voire les alternatives possibles, en mesure de faciliter la rentrée. Sans préjuger des résultats qui en découleront, force est de dire que la marge de manœuvre se présente réduite. Car, dans l'actualité brûlante de la dernière rentrée, émaillée par plusieurs épisodes de violence, aucune solution viable n'a été livrée, sinon l'affectation de tous les étudiants en surplus vers les wilayas limitrophes. Et lorsque l'histoire se répète … elle bégaie.