Le Cercle du progrès a célébré, hier, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance, la mémoire d'un des grands acteurs des mouvements ayant préparé l'éveil et la reconnaissance de la pensée islamique algérienne, Tayeb El Okbi. Les conférenciers ont ainsi salué cet esprit brillant, bon orateur, qui a grandement participé à la propagation des idées réformistes de l'islam. Rabah Zerdane, universitaire, a ainsi souligné que cheikh El Okbi avait fait un long séjour en Arabie où sa famille s'était établie en 1894. Alors que l'Algérie était à l'émergence d'un mouvement d'intellectuels et qu'elle recevait la visite de Mohammed Abdou, le cheikh rencontra, à La Mecque, Mohamed Bachir El Ibrahimi. Cette rencontre, simple fait du hasard, aura permis, selon l'orateur, de tracer une feuille de route pour l'émergence d'un mouvement réformateur en Algérie. A son retour à Alger, il créa le Cercle du progrès (Nadi Ettaraki) en 1927. Un espace réservé au débat et destiné aussi à recevoir les personnalités les plus en vue à cette époque. De cette même salle où des universitaires se succèdent pour lui rendre hommage, 85 ans plus tard, cheikh El Okbi fit un lieu de rencontre de toutes les couches de la société algérienne : lettrés, fellahs, dockers, commerçants... «De juillet 1927 jusqu'aux années 1930, pas moins de 30 conférences ont été organisées en langue arabe et une dizaine en langue française», précise Rabah Zerdane. Tayeb El Okbi avait à cœur de donner un nouveau souffle à la culture, la langue et l'islam. En 1931, l'assemblée générale de l'Association des oulémas musulmans algériens y tint ses assises et l'association y établit son siège. Zoubir Yebda, professeur à l'université d'Alger, a souligné, pour sa part, que le cheikh avait une véritable vision pour l'avenir du pays. Par ses prises de position, Tayeb El Okbi devint une cible privilégiée de l'administration coloniale.