La comparution de quatre militants "impliqués" dans l'action citoyenne, ce mardi 19 juin au tribunal de Bab El Oued (Alger) continue à faire réagir plusieurs organisations nationales et internationales. Aujourd'hui, mardi 19 juin, 5 organisations ont conjointement condamné ce qu'ils appellent «l'intensification des actes de harcèlement judiciaire qui vise à briser toute forme de solidarité émergente au sein de la société civile indépendante ». Il s'agit du réseau Euro - méditerranéen des Droits de l'Homme (REMDH), la Fédération internationale des droits de l'Homme, l'Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT), le Collectif des Familles des Disparu(e)s en Algérie (CFDA), le Syndicat National autonome du personnel de l'administration publique (SNAPAP) avec le Syndicat nationale autonome des travailleurs de fabrication et transformation de papier et emballage (SNAT-FTPE) qui ont exprimé « leur solidarité avec celles et ceux qui subissent la répression des autorités pour revendiquer leur droit à s'exprimer et manifester pacifiquement ». Dans le communiqué, les cinq organisations ont également exprimé «leur profonde préoccupation face à l'intensification des procédures judiciaires arbitraires qui visent à sanctionner le libre exercice du droit au rassemblement pacifique des défenseurs des droits de l'Homme et à briser toute forme de solidarité émergente au sein de la société civile indépendante ». Les organisations font ainsi rappelle dans leur communiqué « Yacine Zaïd, Abdou Bendjoudi, Lakhdar Bouzini et Othmane Aouameur, ont tenu un sit-in pacifique devant le Tribunal de Sidi M'hamed pour dénoncer le harcèlement judiciaire dont est victime Abdelkader Kherba, membre du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) , et de la LADDH. ». Avant de faire remarquer « retenus au commissariat - situé Place des Martyrs -, Yacine Zaïd, Abdou Bendjoudi, Lakhdar Bouzini et Othmane Aouameur avaient été interrogés sur les raisons de leur militantisme avant d'être relâchés dans la journée sans qu'aucune inculpation n'ait été formulée à leur encontre. Leur convocation leur a été notifiée seulement un mois et demi plus tard, le 13 juin dernier ». Pour les cinq organisations, il y a «un dangereux décalage entre la pratique et le discours officiel défendant à l'international un bilan positif en matière de libertés fondamentales ». «L'intensification des actes de harcèlement judiciaire constitue une violation de la constitution algérienne ainsi que des engagements internationaux pris par l'Algérie» lit-on dans le communiqué. « Cela intervient à l'heure où l'examen de l'Algérie dans le cadre de l'Examen Périodique Universel (EPU) ». En six points, les représentations syndicales appellent les autorités algériennes à agir dans l'urgence afin de : «garantir en toutes circonstances l'intégrité physique et psychologique des inculpés et l'ensemble des militants et syndicalistes, de mettre un terme à toute forme de harcèlement, y compris judiciaire, à leur encontre, de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'Homme, de garantir la liberté d'expression et de manifestation de l'ensemble des syndicalistes et défenseurs des droits de l'Homme en Algérie qui revendiquent leurs droits de manière pacifique, comme inscrit dans la Constitution algérienne aux articles 33 et 41 et dans le Pacte international relatif aux droits civils et politique, ratifié par l'Algérie ». Dans le communiqué, les cinq organisations nationales et internationales ont également déploré «la condamnation prononcée en première instance, le 3 mai 2012, par la Cour de Sidi M'hamed à 1 an de prison avec sursis et 20 000 dinars d'amende (environ 200 euros) contre Abdelkader Kherba », un autre militant dont l'audience d'appel est prévu pour le 8 juillet prochain.
A cet effet, les organisations demandent à l'UE et ses Etats membres « de mettre en œuvre les Lignes directrices de l'UE sur les défenseurs des droits de l'Homme et d'apporter un soutien urgent et visible aux défenseurs des droits de l'Homme, notamment en assistant à leurs procès ».