Nous pensions qu'il avait de l'honneur alors qu'il n'en avait pas ; nous pensions qu'il ferait preuve de dignité, de décence et d'honnêteté alors que ces valeurs lui sont totalement étrangères. Belkhadem a agi en führer pour asseoir indûment sa mainmise sur le FLN, depuis le 15 juin, il n'est plus qu'un putschiste et un usurpateur. Tendu vers l'élection présidentielle de 2014, il est prêt à tout et sans retenue pour y arriver comme candidat du FLN qu'il aura détourné de ses idéaux, de ses valeurs, s'accrochant au poste de secrétaire général malgré son rejet par la majorité des membres du comité central et des militants. Il aura fait illusion en cachant ses ambitions, trompant tout le monde, alliant mensonge et duplicité. Le führer Belkhadem n'a pas voulu accepter l'arbitrage de l'urne, façon civilisée et démocratique d'asseoir sa légitimité, connaissant par avance le danger qui le guettait et le résultat qu'aurait donné une consultation démocratique, il a décidé de se faire plébisciter par une minorité qui ne tenait que sur l'estrade de la tribune à laquelle il n'est parvenu qu'après sept heures, par la force et la violence des SA de Si Afif et des SS de Zahali. Le comble du ridicule a été atteint lorsque nous lui exigions l'urne, il eut l'outrecuidance de poser une condition : celle de pas recourir au vote si 10% seulement des membres du comité central refusaient le scrutin à bulletins secrets. Les dobermans et les pitbulls à deux pattes de Si Afif et Zahali, qui ont investi la tribune et le devant de la salle, ont levé la main pour faire nombre sans que sa motion de faussaire ne soit lue ; même le chauffeur de Si Afif (rétribué par l'APN) était là et a apporté son soutien à l'usurpateur. Mais ceci n'est pas le plus important, la presse nationale a suffisamment relaté les faits et péripéties de cette réunion virtuelle du comité central, virtuelle parce qu'il n'y pas eu d'ouverture officielle de la session ni de composition du bureau de celle-ci ; la question n'est même pas de savoir si le «führer» Belkhadem reste secrétaire général ou pas. Pour nous, la cause est entendue : il ne peut plus prétendre à aucune légitimité. Moralement et politiquement, nous sommes vainqueurs, nous rappellerons à chaque instant ses turpitudes à ce tyranneau de village. L'instant est grave parce qu'il interpelle, par-delà les membres du comité central et les militants du FLN, l'ensemble de la nation et des patriotes. Ce qui s'est passé lors du coup de force du «führer» Belkhadem est le prélude à de sombres et dangereux lendemains. Les baltaguias qu'il a lui-même requis et commandités – j'étais dans le bureau d'un membre du bureau politique la veille, soit le 14 juin au matin, lorsque le «führer» l'a appelé pour s'enquérir de la présence et du nombre des SA et des SS. Le membre du bureau politique l'a rassuré en lui disant que toutes les mesures avaient été prises et que des centaines de baltaguias arrivaient de Médéa, de Tipaza et de Mostaganem – sont maintenant une force organisée pour la prise du pouvoir en 2014. Le «führer» Belkhadem a aujourd'hui un fichier de ses milices SA et SS organisées en sections à travers l'ensemble des wilayas du pays, ces sections sont chargées d'abord de faire la chasse aux récalcitrants et opposants à la stratégie de prise de pouvoir et la ligne politique du Führer dans les rangs du FLN à commencer par les membres du comité central. Ce qui s'est passé n'était qu'une répétition, un entraînement pour roder les troupes. Cela ne vous rappelle rien ? Hitler avait agi ainsi entre 1925 et 1933, utilisant les purges et les liquidations d'abord dans son propre parti, avant de partir à la conquête du pouvoir ; tout le monde sait ce qu'il est advenu plus tard de l'Allemagne. Nous voulons un FLN nationaliste, démocrate et démocratique, progressiste, social, ouvert sur la société et la modernité ; le «führer» veut en faire le parti fasciste de l'Algérie contemporaine où la violence tient lieu d'argument politique. C'est le point nodal de nos divergences, c'est avant tout un positionnement idéologique et politique. L'islamo-nationalisme est la seule idéologie du «führer» Belkhadem et comme le national- socialisme d'Hitler, il dans son essence un fascisme. Nous nous revendiquons du nationalisme. Devant ce «führer», Abbassi Madani et les siens sont des enfants de chœur ; lui veut conquérir le pouvoir de l'intérieur. Nous considérons comme devoir de salubrité publique de le déboulonner définitivement. Il veut faire du FLN, suivant en cela Hitler, un parti strictement hiérarchisé, sans nuances et sans débats internes. Avec lui comme chef unique, concentrant entre ses mains tous les pouvoirs avec comme leitmotiv : pas de délibération (en sept ans, il n'y a pas un seul procès-verbal de réunion du BP ; pas d'opposition. Sa méthode de gestion du parti se résume ainsi : croire tout ce que dit le «führer» Belkhadem, lui obéir aveuglement, combattre ses opposants et aussi la presse qu'il considère comme un fléau. Lorsqu'il déclare que nul autre que lui ne peut parler au nom du FLN, il décrète l'appropriation et la privatisation de notre parti pour en faire une entreprise familiale dans laquelle lui et ses enfants sont les seuls actionnaires. Aucun premier responsable de ses prédécesseurs, même du temps du parti unique, n'avait osé le faire. Avant la purge annoncée, il a usé et abusé du régionalisme : Ouest contre Est, Sud contre Nord, puis à l'intérieur des régions : le reste de l'Ouest contre Tlemcen et surtout les «mçirdis», qu'il méprise mais dont il a peur ; le sud de la région Est contre le Nord constantinois, l'extrême Sud contre les gens des Hauts-Plateaux et la Kabylie qu'il différencie par rapport aux autres wilayas du Centre… Voilà sa vision de l'unicité de la nation ; voilà la vraie nature de celui qui veut gouverner ou plutôt asservir l'Algérie en 2014 ; voilà le véritable sens de notre combat pour l'empêcher d'arriver à ses fins, il y va de l'avenir de notre pays, de son unité et de celle de ses voisins. Si par malheur il parvenait à concrétiser son ambition, il liquiderait tous ses opposants, y compris dans l'armée, en mettant tous les officiers patriotes hors-jeu de la même façon qu'avait agi Hitler en 1938, lorsqu'il avait contraint à la démission le ministre de l'Armée et le chef d'état-major, muté 44 généraux, mis 16 autres en retraite et dissous le ministère de l'Armée remplacé par l'OKW sous ses ordres directs. Auparavant, il aura réglé les comptes de ses Ernest Röhm en faisant sa propre «nuit des longs couteaux». Que peut-on attendre d'un charlatan, un derviche enturbanné à la soudanaise ? Si le FLN est trop grand pour lui, l'Algérie l'est encore plus ! Que peut-on attendre d'un homme dont les modèles sont Hitler, Bokassa et El Gueddafi ? Entre lui, ces trois tyrans et Charlot dans le film Le Dictateur, je préfère de loin Charlot. Abdelkader Cherrar. Membre du comité central du FLN NB : les SA (Sturmabteilung) se traduit en français par «section d'assaut» ; les SS (Schutzstaffel) «escadron de protection» fut une des principales organisations du régime nazi initialement chargées de la protection rapprochée d'Hitler