En dépit des innombrables contraintes de diverse nature et d'une concurrence déloyale, l'Entreprise nationale des appareils de mesure et de contrôle (AMC), dont le siège social et le complexe de production sont implantés à El Eulma (Sétif), est en la matière le leader national incontestable. Grâce au sérieux de sa composante et à la rigueur des managers, l'entreprise n'a pas été nominée en 2003 par hasard dans le trio de tête lors du concours du prix algérien de la qualité, qu'organise le ministère de l'Industrie. Le produit de l'AMC, qui est désormais un label reconnu, obtient en 2004 le prix spécial du jury (tableau d'honneur). L'on ne peut percevoir la dimension d'une entreprise qu'à travers sa part de marché. L'AMC peut dans ce sens se targuer d'avoir la part du lion. A l'issue de l'exercice 2004, cette entité, créée à la suite de la restructuration de Sonelgaz, a équipé 4 991 238 foyers en compteurs d'électricité (soit 91% du parc installé), 1 271 918 demeures en compteurs de gaz (73% du parc installé), 3 321 445 maisons en compteurs d'eau (85% du parc installé). Et 8427 stations-services en volucompteurs (65% du parc installé). Mieux encore, la baisse significative et régulière de ses prix (le compteur de gaz est passé de 5400 DA à 1600 DA, le régulateur de gaz, cédé dans un passé récent à 5300 DA ne coûte que 1600 DA l'unité, le compteur d'électricité vendu auparavant à 4400 DA est proposé à 2600 DA) a boosté ses indices de performance. Le chiffre d'affaires a plus que doublé ces dernières années (plus de 4 milliards de dinars en 2003 et autant l'année suivante). Ses ratios de rentabilité sont en évolution d'autant que la marge opérationnelle se situe à plus de 30% et la rentabilité financière dépasse les 20%. Le ratio de solvabilité a atteint l'exercice précédent 282%, celui de l'autonomie financière a, quant à lui, dépassé les 80%. Son système de gestion lui permet de présenter et d'obtenir l'approbation de ses comptes sociaux à l'issue du premier trimestre de chaque année. Ce point précis, qui n'est pas un simple détail, n'est pas, faut-il le rappeler, le fort de nombreuses entreprises publiques. Paradoxalement, le produit AMC, techniquement fiable, conforme en sus aux normes internationales, est « boycotté » par de nombreux promoteurs nationaux impliqués dans le vaste programme de logements initié par les pouvoirs publics. Normes en vigueur Certains opérateurs, pour lesquels la notion « préférence nationale » n'est que littérature, privilégient la filière de l'Extrême-Orient pour ses produits contrefaits et bas de gamme, qui constituent pourtant un danger pour le citoyen consommateur. Soucieuses du respect des normes en vigueur en Algérie et des prescriptions techniques définies dans les cahiers des charges, les entreprises chinoises qui participent à la réalisation des différents programmes de logements (AADL et autres), préfèrent, quant à elles, le label AMC. Afin de consolider sa position dans un environnement concurrentiel des plus impitoyables, l'AMC vient de franchir un autre seuil, celui du partenariat qui lui permet d'accéder aux nouvelles technologies et techniques de management. Son alliance avec l'ADE et SMS (Sensus Metring Systems, qui détient 33% du marché mondial des compteurs d'eau) ayant reçu le 20 juin 2004 l'aval du CPE (Conseil des participations de l'Etat) est donc scellée. A cet effet, Sensus Algérie, une SPA constituée de AMC (30%), Sensus (55%) et ADE (15% de parts), entre le 1er janvier 2005 en exploitation. A l'issue de la première année d'exercice, la société réalise un chiffre d'affaires de 500 millions de dinars. Son ratio de rentabilité est de l'ordre de 20%. Les 78 travailleurs transférés par AMC ont été rejoints par 18 nouveaux agents. L'actionnaire principal, par le biais de M. Hernandez, vice-président de ce groupe basé aux USA, est plus que satisfait. Ce dernier ayant visité dernièrement le site, a, selon M. Nourddine Hamouda, PDG de l'AMC, exprimé sa satisfaction quant à la maîtrise de la technologie, le niveau de qualité des produits, le respect des normes de sécurité et des performances économiques de la société. M. Hernandez n'a pas manqué d'indiquer que Sensus Algérie, qui peut produire annuellement plus de 500 000 compteurs d'eau, est l'une des meilleures filiales au niveau mondial. Pour le numéro un d'AMC, « ces performances augurent des perspectives prometteuses pour SMS Algérie qui fait désormais partie des acteurs actifs dans la division de travail de Sensus, ce géant mondial ». Notre interlocuteur met en outre le doigt sur les contraintes rencontrées par l'AMC qui ne bénéficie pas de la protection tarifaire. Le droit des douanes de son produit est ramené de 30% à 5%. Les matières et composants importés sont quant à eux confrontés à une taxe pouvant atteindre les 30%. Nos éminences ont une bien particulière vision de protéger le produit « made in bladi ». L'émergence d'une concurrence déloyale, et ce, faute de contrôle technique à l'entrée du pays - d'autant que la conformité a un coût que le marché informel ne peut satisfaire -, contrarie fortement la société en question. Non assujettie aux différentes taxes (TVA 17%, TAP 2%, IBS 30%) et droits des douanes (de 5 à 30%), pouvant atteindre les 25%, l'informel prospère. La sous-facturation et la vente sans facture sont les autres sources de gains substantiels de ce dernier, gangrenant par ces malsaines pratiques l'économie nationale. L'adversité de l'environnement n'a pas pour autant altéré les ambitions de la société qui vient de mettre sur le marché un nouveau compteur d'eau, en corps composite. Etant exempt de tout métal lourd, le produit est de fabrication écologique. Doté d'un embout mobile breveté et d'un corps ultraléger, ce nouveau-né de Sensus constitue une solution idéale pour une pose facile et rapide, permettant aux utilisateurs de réduire leurs coûts d'installation et éviter des problèmes de fuites qui résultent des compteurs mal montés. Lancé l'année dernière en Europe, le produit en question sera mis sur le marché national au cours du mois de mars courant. Ce compteur a été mis au point pour répondre aux attentes des gestionnaires d'eau soucieux d'optimiser la production et la distribution du liquide vital. « Si on l'accompagne à travers le dispositif portant préférence nationale, l'AMC, qui est en voie de finaliser divers projets de partenariat avec des firmes de renommée, est en mesure de relever tous les défis. La véritable dimension d'exportation de l'entreprise sera déployée, une fois bien entendu les projets précités mis place et qui toucheront les zones Europe, Afrique et Moyen-Orient », précise M. Hamouda, souhaitant, à l'instar de l'ensemble du personnel, que Sonelgaz, la société mère ayant dernièrement réintégré dans son giron les autres sociétés (Kanagaz, Kahrif, Etterkib, Inerga et Kahrakib), nées de la restructuration de 1983, fasse autant avec l'AMC... cet autre enfant oublié pour on ne sait quelle raison...