C'est sur fond de tension que s'est ouverte, hier, la session ordinaire du conseil national du Front des forces socialistes (FFS). Dans la cour intérieure du siège du parti, des groupes de militants, mais surtout de journalistes, piétinent d'impatience et de déception. Durant toute la matinée, rien n'a filtré quant au déroulement de cette réunion, l'ensemble des travaux et débats de cette session se déroulant à huis clos. Nulle intervention, point presse ou commentaire, si ce n'est les «tout se passe bien» expéditifs des quelques membres sortant de la salle de réunion. Pourtant, c'est dans un contexte plus que particulier que se réunit le conseil national. Et si l'ouverture des travaux s'est déroulée dans un calme apparent, la tension était pourtant palpable : sourires crispés, nervosité des militants, ainsi qu'une certaine promptitude à assurer que les «choses sont habituelles». D'autant plus que sur les 96 membres devant assister à cette session quelques défections ont été enregistrées. Il y a, évidemment, l'absence de Karim Tabbou, ancien premier secrétaire national du parti, suspendu de toute activité partisane. Quant aux autres membres qui n'ont pas répondu présent, «ils n'étaient que quelques-uns», affirme un membre du secrétariat national. «Certains n'ont pas pu venir et d'autres n'ont pas voulu venir. Il est fort à parier qu'ils ne manqueront pas d'exposer leurs raisons», poursuit-il. Campagne électorale mi-figue, mi-raisin Dans la matinée, les membres du conseil national ont adopté, «à l'unanimité», l'ordre du jour de cette session, dont les travaux seront sanctionnés par une résolution, aujourd'hui. Un peu plus tôt, les députés élus le 10 mai, ils sont 27, se sont, quant à eux, réunis afin de préparer la prochaine séance de l'APN, durant laquelle sera adoptée la liste des vice-présidents de l'APN, l'annonce de la formation des groupes parlementaires ainsi que l'installation des bureaux des 12 commissions permanentes du Parlement. S'en est suivi un débat quant à l'analyse politique du pays, ainsi que l'évaluation de la campagne menée par le FFS lors des élections législatives du 10 mai dernier. «Le parti sort renforcé de cette étape électorale ; il entame un nouveau départ dans le processus de construction», a ainsi déclaré Ali Laskri, premier secrétaire national du plus vieux parti de l'opposition, dans son intervention, dont une copie a été remise à la presse. Mais l'appréciation de cette course à l'APN ne saurait être que positive. «Lors de cette évaluation, il sera aussi examiné les défaillances enregistrées lors de la campagne, comme la non-implication de quelques cadres dans les activités électorales ou autres lacunes», explique Chafâa Bouiache, député et chargé de la communication du FFS. Et de questions disciplinaires, il sera aussi question lors de ces travaux.En effet, des rapports de cas disciplinaires seront présentés, notamment concernant Karim Tabbou, ou encore Farid Khalef, secrétaire fédéral à Béjaïa. Entre sanctions disciplinaires et règlements de comptes La commission de médiation et de règlement des conflits du parti sera en charge d'étudier ces cas. Ils se verront convoqués ultérieurement afin d'être entendus devant cette commission. Il leur est reproché d'avoir remis en cause le fonctionnement et les pratiques «antidémocratiques» au sein du parti. Et le parti historique de Hocine Aït Ahmed traverse, depuis l'annonce d'une participation aux législatives, une crise interne. Coups bas, fronde et «contre-fronde», déclarations médiatiques fracassantes accusant la direction du parti de «compromissions avec les cercles du régime», réponses cinglantes et mesures disciplinaires, le FFS n'aura pas été épargné par les déchirures «post-élections», également vécues par la quasi-totalité des partis politiques algériens. La dernière critique émise à l'encontre du FFS n'est pas des moindres. Ce sont ainsi trois anciens premiers secrétaires du parti, Ali Kerboua, Djoudi Mammeri et Mustapha Bouhadef, qui, dans une déclaration rendue publique mercredi, ont alerté quant aux «risques d'implosion» que fait peser «cette grave crise politique». Face à ces opinions divergentes, la direction du parti rétorque, et non sans violence. «Quant à ces ‘‘ex'' en rupture avec le parti depuis près d'une décennie, je les défie de quitter leur retraite dorée et de se présenter dans leurs fédérations. Ils auront ainsi l'occasion d'affronter les militants qui les ont portés et qu'ils ont honteusement abandonnés par la suite», accuse Ali Laskri dans son intervention. Evoquant une «campagne contre le FFS», le premier secrétaire accuse «quelques organes de presse», et «des militants félons» d'œuvrer à la réalisation de «deux options apparemment contradictoires : réaliser une OPA sur le parti ou en cas d'échec, travailler à sa destruction».