C'est un réemballage du fait accompli colonial », c'est ainsi qu'a qualifié hier l'ambassadeur de la RASD à Alger, Mohamed Yeslem Beisset, le projet marocain d'« autonomie » au Sahara-Occidental. Cette offre, dit M. Beisset, « est inacceptable ». « La question du Sahara-Occidental n'est pas une affaire interne au gouvernement marocain ou un conflit maroco-marocain, c'est un conflit international, dont l'ONU est chargée de trouver une solution pouvant permettre d'organiser un référendum d'autodétermination », a-t-il souligné. Interrogé s'il ne s'agit pas d'une faiblesse de faire autant de concessions pour les Sahraouis, M. Beisset estime qu'il n' y a que ceux qui sont en position de force qui peuvent faire des concessions. M. Beisset a qualifié par ailleurs la position française, vis-à-vis du conflit sahraoui, de « machiavélique ». « D'un côté elle est pour l'unification du Maghreb et de l'autre elle soutient Rabat dans ses manœuvres contre les Sahraouis », a-t-il regretté. Le diplomate sahraoui espère qu'après 30 années de conflit, la France, les USA et l'Espagne pourront tirer des leçons de ce qui s'est passé lors des accords de Madrid. « Le Maroc demande un chèque en blanc de la communauté internationale pour avoir le Sahara-Occidental, mais seul le peuple sahraoui peut le lui donner », a-t-il dit. Le diplomate sahraoui a qualifié les festivités de la commémoration du 30e anniversaire de la proclamation de la RASD de « grand succès ». A ses yeux, ces festivités ont constitué une nouvelle preuve de volonté de paix du peuple sahraoui. Cela en rappelant la destruction, à cette occasion, par le Front Polisario de plusieurs mines antipersonnel. « Le peuple sahraoui a envoyé, depuis Tifariti, un message fort à la Communauté internationale, pour dire qu'il n'y aura pas de paix possible en dehors de l'application du référendum d'autodétermination », a souligné l'ambassadeur de la RASD. « Le succès est d'autant plus éclatant qu'il a mis à nu les mensonges de la propagande marocaine », a-t-il ajouté. M. Beissat a précisé que Tifariti, contrairement à ce que prétend le Maroc, n'est pas située dans une « zone tampon » ou « à la frontière algérienne ». « Les 200 journalistes de la presse internationale qui ont fait le déplacement à Tifariti, le 27 février, savent très bien qu'elle est située en réalité près de la frontière mauritanienne et à 300 km de la frontière algérienne », a-t-il dit. Selon l'accord de cessez-le-feu signé en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc sous l'égide de l'ONU, « il y a une zone interdite large de 3 km, à l'est du mur marocain, puis une zone tampon de 30 km de large, où toute activité doit être signalée au préalable à l'ONU », a précisé M. Beissat. « Tifariti est située dans les territoires libérés par le Front Polisario », a-t-il souligné. l'ONU considère le tracé du mur érigé par le Maroc dans les années 1980, long de quelque 2300 km et qui coupe en deux le Sahara-Occidental comme marquant la ligne de cessez-le-feu entre l'armée marocaine et le Front Polisario. M. Beisset a évalué enfin à plus d'une centaine de prisonniers sahraouis depuis l'Intifadha de mai 2005. Il a évoqué une nouvelle stratégie marocaine dans les territoires occupés du Sahara-Occidental. « Depuis un certain temps, les Sahraouis arrêtés sont torturés et jetés à la rue », a-t-il dit.