L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Mohamed Yeslem Beisset, une nouvelle fois, tire la sonnette d'alarme quant à la situation inquiétante des prisonniers politiques sahraouis, détenus depuis mai dernier dans les geôles du royaume chérifien. S'exprimant hier à Alger, lors d'une conférence de presse, Son Excellence Mohamed Yeslem Beisset a soutenu que « l'état de santé des 37 prisonniers politiques en grève de la faim depuis 41 jours, dont parmi eux les deux activistes des droits humains, Aminatou Haider et Tamek, est critique, voire alarmant ». « 24 parmi eux sont dans un état de perte de connaissance », a-t-il dit. « Ce sont des personnes qui, certes, sont différentes de par leur âge et dans leur vie professionnelle et civique mais qui ont une seule détermination : l'indépendance du Sahara-Occidental », ajoutera-t-il. Le tort de ces prisonniers est d'avoir réclamé, lors des manifestations qui se sont déroulées dans les villes des territoires occupés du Sahara-Occidental en mai dernier, le droit le plus légitime du peuple sahraoui, celui de l'autodétermination. Selon lui, « cet état de fait démontre le contraire du marketing politique fait sur l'image du Maroc actuellement ». « La situation actuelle du régime marocain est une monarchie médiévale », a-t-il regretté. Tout en mettant en garde les autorités marocaines, l'orateur sollicite, une nouvelle fois, l'intervention des instances internationales afin d'arrêter des résolutions fermes à l'encontre du Maroc. Il a, en outre, averti que « s'il arrivait malheur à un seul de ces détenus, nous imputons l'entière responsabilité à Mohammed VI. En plus, c'est une menace pour toute la région ». Y aura-t-il, dans ce cas, l'éventualité d'un retour aux armes par le Front Polisario ? L'ambassadeur n'exclut aucune option mettant en relief tous les moyens légaux et pacifiques entrepris depuis le cessez-le-feu en 1991, notamment le plan de paix ONU-OUA (actuelle UA) pour la décolonisation, les accords d'Houston et le plan Becker que le Maroc n'a pas respectés. « Nous n'excluons aucun choix, le Maroc ne veut pas la paix il a choisi le statu quo », selon le représentant sahraoui à Alger. M. Beisset a dénoncé, par ailleurs, le silence des Nations unies et de certains pays occidentaux, le qualifiant de « silence complice ». Cela, tout en rappelant la mobilisation de certains députés européens, notamment italiens et espagnols pour la libération des détenus politiques, mais également de l'organisation Amnesty International, qui a établi depuis 20 jours trois rapports sur la situation critique des prisonniers. Selon l'orateur, même les organisations marocaines de défense des droits de l'homme, pourtant proches du palais royal, ont reconnu que les prisonniers politiques sahraouis se trouvent dans une situation lamentable. L'ambassadeur a en outre averti que « ce n'est pas uniquement les Sahraouis qui sont victimes de cette intransigeance marocaine, mais également l'UA, l'UE, ... ». Face à cette situation, la mission des Nations unies pour l'autodétermination du Sahara-Occidental (MINURSO) a-t-elle réagi ? M. Beisset regrette qu'il n' y ait eu ni position de l'ONU, ni de Kofi Annan ni du nouveau représentant de l'ONU au Sahara-Occidental, les tenant comme responsables dans le cas où il y aurait décès d'un ou plusieurs détenus sahraouis dans les geôles marocaines. Le représentant de la RASD à Alger a enfin démenti catégoriquement toute négociation entre le Front Polisario et le roi Mohammed VI sur le conflit. M. Beisset dit ne pas imaginer d'autre solution au conflit à part celle du plan Becker, en réponse à une question relative à certaines parties notamment le Maroc et les Etats-Unis qui évoquent « une solution politique » dans leurs discours.