La Société de distribution de l'électricité et du gaz de Bologhine (direction ouest d'Alger) signale que 30 % des pertes enregistrés en 2011 sont dues essentiellement aux cas d'agression commis sur des ouvrages d'électricité et de gaz par des habitants de la centaine de bidonvilles qui meublent son territoire. Les auteurs de cette fraude s'alimentent, c'est un lieu commun, par le biais des lianes qu'ils mettent en place à partir des poteaux électriques, notamment dans les quartiers juchés au flanc de montagne, comme dans les communes de Bologhine, Raïs Hamidou ou Hammamet. Le fléau s'étend aussi à la Seaal, qui, elle aussi, peine à faire face au piratage des habitants des favelas, qui prolifèrent dans le temps et dans l'espace, mettant devant le fait accompli les pouvoirs publics, qui, soit dit en passant, tiennent à chaque occasion à nous rassurer que «désormais, les bidonvilles seront démolis et l'habitation précaire résorbée». A dire vrai, plus ces habitations illicites sont montrées du doigt par les médias, plus elles bravent la puissance publique. Et tant de fois, le wali est monté au créneau pour dire sa colère, vomir son fiel tout en donnant des gages de les éradiquer à jamais. Mais l'entreprise d'élimination semble vaine. Ce chancre urbain semble s'enraciner pour meubler de plus belle le décor de la mégapole et sa périphérie. Les uns s'égosillent à dire qu'il y a péril en la demeure, au moment où d'autres s'évertuent à trouver un malin plaisir à l'amocher. Dans le même registre ou parallèlement, le mal gagne une autre catégorie de gens, cette espèce de voleurs de lopins ou de pans de terre. Celle-là même qui fait montre d'appétit gargantuesque pour s'approprier ce qui ne lui appartient pas, au moment où une autre caste d'irréductibles fait main basse sur l'espace public, un bien supposé revenir de droit à la collectivité. On y greffe une superficie vide à son local pour fructifier la valeur marchande ; on y installe, sans bourse délier, des échoppes sur le trottoir, on y opère des extensions de villa – avec ou sans permis de construire – sur des aires de «taâ beylik» ; on s'arroge le droit de rogner les terrains domaniaux ; on transforme un chemin libre en cul-de-sac ; on s'adjuge une buanderie de terrasse d'immeuble pour en faire une galetas ; on y opère le soir, les week-ends et pendant les fêtes pour ériger une demeure, tout en déjouant la vigilance de «la police de l'urbanisme» dont la mission est confinée au travail de constat. Le phénomène prend de l'ampleur, voire devient alarmant, et chacun semble y aller de sa propre règle de vie en usant de la devise «tout ce qui est vide, j'ai le droit de m'en servir». Et ce n'est pas radoter ou aller vite en besogne que de dire «tant qu'on continue à graisser de quelque subside les différents maillons occultes de l'administration, il n'est pas évident que cela disparaisse», me susurre-t-on au sein d'une administration qui semble avoir les deux pieds dans le même sabot.