Sans surprise, l'Espagne a sorti la France (2-0), en quart de finale de l'Euro. Comme tant d'autres avant, les Bleus n'ont pas eu les armes. Son voyage retour était programmé. Il s'annonce pénible. Hier, voire aujourd'hui lundi, l'équipe de France a quitté l'Ukraine pour rentrer au pays. Tête basse, les valises pleines de regrets. Son Euro s'est achevé samedi soir, sur un 2-0 teinté de frustration. Et son élimination, qui balaie l'invincibilité tricolore face à l'Espagne, épouse une certaine forme de fatalité. Laurent Blanc l'avait souligné la veille : personne, ou presque, n'a su contrarier la Roja depuis quatre ans. Sur ce qu'elle a démontré à Donetsk, elle était «prenable», pour reprendre les mots du sélectionneur français à chaud. Mais comme tant d'autres avant eux, ses Bleus ont échoué devant la «belle machine» tant vantée par Blanc. En laissant l'impression, ô combien agaçante, que les champions d'Europe et du monde en titre étaient à leur portée. Encore fallait-il jouer, croire en soi, et ne pas offrir sur un plateau un joli cadeau à Xabi Alonso, qui a fêté son centenaire par un doublé (19' et 90'+4). Mercredi prochain, le Portugal de Cristiano Ronaldo sera confronté à la même problématique. Les desseins français, en apparence frileux, n'ont pas résisté longtemps. Verrouiller le couloir droit à double-tour, en positionnant Mathieu Debuchy juste devant Anthony Réveillère, était une option prudente. Mais compréhensible au regard de la forme, étincelante, d'Andres Iniesta. Ironie du sort, c'est d'un débordement de l'insaisissable Jordi Alba qu'est venue l'ouverture du score espagnole. Sur le coup, le marquage élastique de Florent Malouda sur Xabi Alonso a facilité les choses (1-0, 19'). Quand le milieu de terrain madrilène a transformé le penalty du K.-O., au bout du temps additionnel (2-0, 90'+4), les Bleus n'y croyaient déjà plus. Leur sursaut de la dernière demi-heure fut trop tardif. Trop timide pour bousculer des Espagnols qui ont, évidemment, joué à la baballe. En marchant. Dépassés par les combinaisons ibériques, les Français ont beaucoup couru. Essentiellement dans le vide. Leurs imprécisions techniques les ont privés de toute ambition offensive. Dans ce registre, même Yohan Cabaye est passé à côté. Le coup franc du Magpie, sorti de la lucarne par Casillas (31'), fut le seul «éclair» d'une première période quelconque. La tête de Debuchy (60') et le centre-tir de Ribéry (71') n'ont pas corrigé le tir en seconde. Cette Espagne-là était sans doute «prenable». Encore fallait-il lâcher les chevaux.