Avec la nouvelle saison sportive qui commencera au mois de septembre prochain, le professionnalisme en Algérie abordera l'an III de son existence. Il reste que le modèle algérien est unique en son genre, dans la mesure où l'on continue à se comporter avec le même modèle qu'est celui de l'amateurisme. En fait, les tenants des ficelles ne veulent rien lâcher au risque de voir leurs intérêts propres s'envoler. Car, ceux du club les importent peu. Si bien qu'ils entretiennent sciemment le flou entre professionnalisme et trabendisme. Un flou où le chèque, c'est-à-dire la traçabilité de la transaction, est occulté au profit de l'espèce et du sachet noir. C'est pourquoi ils font tout pour saborder toutes les velléités des pouvoirs publics à passer inexorablement vers le professionnalisme du fait de leur désengagement progressif de la chose football en Algérie en attendant de le faire pour d'autres sports. Ils ont la peau et la dent dures. Ils ne veulent rien lâcher. Et dire qu'ils ne cessent d'annoncer leur démission voire leur départ définitif, mais il n'en est rien au final. Ils s'accrochent vaille que vaille à ce fauteuil qui les sert plus qu'ils ne les dessert. Il reste qu'ils sont confortés dans leur position par cette frilosité de ceux qui sont censés en principe prendre à bras-le-corps ce professionnalisme, à savoir les investisseurs au sens le plus large du terme et non des trabendistes. Certes, le football en Algérie n'est pas encore rentable, mais ce n'est pas une raison pour ne pas se lancer dans le bain d'autant que les pouvoirs publics sont là pour soutenir tout investissement dans ce sens. C'est aussi un leurre que de déclarer que le football doit rester aux footballeurs. Une théorie qui n'a guère de valeur dans le monde du professionnalisme. Et pour preuve, on ne connaît aucun footballeur à la tête d'un club de football. Ceux qui y sont ont peut-être touché à la balle dans les jeunes catégories, mais n'ont guère évolué à un haut niveau de la compétition. Et les exemples pour ce faire ne manquent guère. Mieux, non contents de ne rien lâcher, les dirigeants actuels font tout pour saborder les clubs qui sont rentrés de plain-pied dans ce monde du professionnalisme, à savoir l'USM Alger et à un degré moindre la JSM Béjaïa. Deux clubs où la bicéphalie SSPA (Société sportive par actions) et CSA (club sportif amateur) n'existe guère car les règles du jeu ont été de suite très claires. C'est ce qui dérange justement ces clubs bicéphales. Un bicéphalisme qui est utilisé aujourd'hui comme une arme par certains présidents pour s'accrocher un peu plus en usant de la SSPA et du CSA à leur guise. Mieux, pour boulonner un peu plus ce fauteuil, ils évoquent une augmentation du capital, la vente d'actions et tout le bazar. Or, ce sont des opérations qui obéissent à des règles économiques en les rendant publiques et non en catimini, comme cela a été le cas avec la mise en place des statuts des SSPA. C'est dire qu'aujourd'hui il est grand temps de voir les pouvoirs publics mettre définitivement le holà sur cette gestion occulte des comptes de certains clubs, d'autant que souvent c'est l'argent du contribuable à travers les subventions des collectivités locales qui est dépensé sans compter. L'assainissement de ces pratiques occultes rencontrera certainement des résistances, mais il est plus que jamais nécessaire pour que notre football se mette au diapason de la modernité des nations qui ont réussi.