Alors que la plage dispose d'un site naturel d'une rare beauté, l'absence d'aménagements, la persistance d'une réelle insécurité ainsi que l'état déplorable de la route ont transformé le site en un véritable coupe-gorge. Sans doute plage familiale par excellence, et ce, depuis la nuit des temps, Kharrouba-plage n'est plus qu'un mince souvenir dans la mémoire de la ville de Mostaganem. Connue depuis les temps anciens pour la qualité de son sable mais aussi pour sa proximité avec la cité arabe de Tigditt, la plage de Sidi Mejdoub, du nom du marabout qui la protège jalousement, profite amplement de la présence d'un mamelon pour offrir l'unique abri contre les vents. Sa plage en forme d'anse tire profit de sa situation pour donner aux baigneurs un lieu où il est permis de goûter aux plaisirs balnéaires sans aucun risque de noyade. En effet, en contrebas du marabout, la mer est toujours calme au point où des dizaines d'embarcations viennent s'encastrer, disputant sans cesse cet espace aux familles d'estivants. Cet abri naturel permet à de très nombreux pêcheurs de Tigditt de continuer à vivre de la pêche par l'exploitation de la bande côtière qui s'étend depuis la pointe de Sidi Mejdoub à la plage du Chéliff, sur une distance de 7 kilomètres. Cette activité très prenante permet à des dizaines de familles d'avoir un revenu régulier, quand bien même la ressource halieutique tend à s'amenuiser d'année en année. C'est ce qui explique, en partie, l'extrême tension qui règne chez les marins pêcheurs qui n'ont d'autres choix que de laisser filer le prix du poisson. Paradoxalement, cette activité se traduit par l'amenuisement de l'espace réservé à la baignade du fait de la présence de dizaines d'embarcations à même la plage. Cette promiscuité est loin d'être anodine, puisque de nombreuses familles sont obligées de céder cet espace au profit de l'activité de pêche. Par ailleurs, l'érection de nouveaux ensembles immobiliers dans l'arrière-pays a permis l'arrivée de milliers de familles qui pouvaient constituer un véritable vivier pour le tourisme balnéaire. Ce qui aurait permis l'émergence d'une activité culinaire que les rares gargotes érigées à la va-vite n'ont pas été capables d'attirer. Même les anciennes baraques installées juste à l'entrée de la plage, il y a de cela deux décennies, peinent à fidéliser une clientèle. Un Grand gâchis Alors que la plage dispose d'un site naturel d'une rare beauté, l'absence d'aménagements, la persistance d'une réelle insécurité ainsi que l'état déplorable de la route ont transformé le site en un véritable coupe-gorge. Même la présence du marabout de Sidi Mejdoub ne parvient plus à dissuader les nombreux amateurs de bières et autres boissons alcoolisées de s'adonner, en toute impunité, à leur breuvage favori. Jusque et y compris dans la proximité immédiate de ce symbole, jadis fierté des familles Mostaganémoises. Tout semble avoir été organisé pour que cette splendide balade du temps jadis, soit définitivement affectée à une activité nocturne des plus douteuses et des plus troubles. Pourtant, malgré une qualité de l'eau plus que douteuse du fait de nombreux et importants rejets domestiques, la plage a été retenue parmi les 21 de la wilaya où la baignade est autorisée. C'est-à-dire qu'elle bénéficie d'une surveillance de la part de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale. Les seules institutions qui continuent à assurer une présence rassurantes, malgré des conditions de travail mitigées. Une présence diurne, car, dès la tombées de la nuit, la plage avec ses marins, ses barques avec leur va-et-vient incessant, ses estivants et sa route délabrée, est livrée aux fêtards et aux soulards. Un bien triste fin pour une plage que les familles de Mostaganem continuent de chérir au plus profond de leurs âmes. Avec le rush de l'été, ce sont des vacanciers d'un soir qui transforment Sidi Mejdoub en un véritable capharnaüm. Dépitées, les familles de Mostaganem, celles qui s'enorgueillissent d'avoir qui un cabanon, qui une villa, ont fini par se détourner de ce site qui faisait leur fierté, tout comme les somptueuses villas et autres cabanes sur pilotis de Salamandre et de la Crique. Pourtant, malgré toutes ses lacunes, le site garde en lui un charme à nul autre pareil. Le jour où les élus de Mostaganem prendront conscience de ce grand gâchis, peut-être que la plage de Kharrouba ne sera plus que ruines.