Le président de l'Assemblée constituante tunisienne, Mustapha Ben Jaafar a annoncé hier une réunion plénière exceptionnelle de l'Assemblée vendredi prochain pour évoquer l'extradition controversée de l'ex-Premier ministre libyen vers Tripoli. «Plusieurs élus nous ont fait part de leur souhait de tenir une séance exceptionnelle pour discuter de l'extradition d'Al Baghdadi Al Mahmoudi. Nous allons tenir cette séance dans les plus brefs délais cette semaine en présence des parties concernées, c'est-à-dire le gouvernement et la Présidence», a déclaré M. Ben Jaafar. Il a ensuite précisé que cette séance aurait lieu vendredi en présence du chef du gouvernement Hamadi Jebali. Il n'a pas indiqué si le président Marzouki serait présent. L'ancien Premier ministre libyen, détenu depuis neuf mois en Tunisie, a été extradé dimanche en catimini sur décision du chef du gouvernement, l'islamiste Hamadi Jebali. Vivement contestée par plusieurs organisations locales et internationales de défense des droits de l'homme, pour qui cette extradition viole les principes de droit international et humanitaire, elle a aussi provoqué une crise au sommet de l'Etat tunisien, la Présidence affirmant n'en avoir pas été avertie. Le président Moncef Marzouki, qui s'était déclaré opposé à l'extradition de M. Mahmoudi, en tout cas avant les prochaines élections libyennes, n'avait pas signé le décret d'extradition. La Présidence a publié dimanche un communiqué au vitriol contre le gouvernement, accusé d'avoir «outrepassé ses prérogatives», mais M. Marzouki ne s'est pas encore directement exprimé. Pour sa part, le parti de gauche Ettakatol, dirigé M. Ben Jaafar, a jugé que l'extradition avait été décidée par «le gouvernement tunisien légitime». Le parti islamiste Ennahda, qui domine l'Assemblée et le gouvernement, est allié avec Ettakatol et le Congrès pour la République (CPE, gauche nationaliste) dont est issu M. Marzouki.