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Quelque part, nous avons été mêlés à son assassinat Abdelhamid Baïd, dit Abdelmadjid. Veuf de Blida qui a reçu la visite de Boumaârafi, le 29 juin 1992
«Ce lundi 29 juin 1992, je n'étais pas à la maison. A l'époque, je travaillais dans un bar-restaurant. En fin de matinée, j'étais en train de m'atteler à la comptabilité, lorsque deux hommes, âgés de 30-35 ans, ne paraissant pas de Annaba, puisque vêtus comme des gens de pays du Golfe, sont venus me parler. Ils m'ont demandé si j'étais bien Abdelmadjid Baïd. C'est à ce moment-là que j'ai entendu des bruits de mitraillette, mon restaurant n'étant pas loin de la maison de la culture. J'ai tout de suite cru à un attentat terroriste. Quand je suis rentré à la maison, il n'y avait ni ma femme Blida, alors âgée de 39 ans, ni ma fille. Je suis tout de suite allé voir la voisine qui m'a confirmé qu'elles étaient au commissariat central situé à proximité de notre immeuble. A mon arrivée, on m'a orienté vers la gendarmerie, située au centre-ville. Sur place, un gendarme, que je connais, m'a rassuré en me confirmant que j'allais bientôt revoir ma femme et ma fille, mais qu'elles devaient revenir pour l'enquête. Quelques minutes plus tard, nous sommes sortis. C'est alors que mon épouse, pâle et tremblante, m'a expliqué ce qui c'était passé en mon absence : «Un homme en uniforme est rentré sans frapper à la maison, alors que je préparais la kesra (galette). J'étais toute effrayée. Il m'a dit, essoufflé : “Ma… ma… ma…tkhafich, je suis policier.” J'ai tout de même remarqué qu'il n'était pas armé. Je l'ai alors fait rentrer dans le salon, lui ai proposé un café, mais il a refusé et il a insisté pour que j'appelle la police. Finalement, nous nous sommes retrouvés au commissariat central, puis à la gendarmerie.» Il paraît qu'un hélicoptère est venu récupérer Boumaârafi pour le ramener sur Alger. Finalement, nous avons appris la nouvelle de l'assassinat de Boudiaf, c'est là que ma femme a eu sa première attaque cardiaque. Je l'ai emmenée aux urgences de l'hôpital Ibn Rochd. Depuis ce jour, chaque semaine, ma femme et ma fille étaient convoquées par la police. Je ne voulais pas que ma fille parle sans moi, parce qu'elle était encore mineure. Mais les policiers n'ont jamais voulu me laisser entrer. Le jour où elle avait appris qu'elle allait être convoquée à Alger, elle avait passé une nuit blanche. Une première fois, je suis allé voir le procureur de la République qui m'a rétorqué que cette affaire n'était pas de son ressort. Par la suite, je me suis rendu à la wilaya afin de demander au chef de cabinet de financer le déplacement à Alger. Il m'a répondu que je devais payer et qu'ensuite nous serions remboursés. J'ai alors envoyé un télégramme à la Cour d'Alger, afin de leur expliquer mes faibles moyens. Finalement, nous avons pu nous organiser pour nous rendre à Alger. Mais ma pauvre femme n'a pas arrêté d'avoir des attaques. Je n'oublierai jamais ce 29 juin 1992. Boudiaf était notre espoir et quelque part nous avons été mêlés à son assassinat. Chaque année, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Si Tayeb El Watani, je me rends à la maison de la culture déposer une gerbe de fleurs devant le buste. Pour en revenir à Boumaârfi, pour moi, tout était calculé d'avance, tout était orchestré. Pourquoi est-il monté jusque chez moi, au 6e étage de l'immeuble ? Pourquoi n'est-il pas allé directement au commissariat central ? Depuis ce jour, nous n'avons eu aucune compensation, rien. Voilà pourquoi je veux porter plainte contre Boumaârafi, qu'il soit ou non l'assassin de Boudiaf, parce qu'il est à l'origine de la maladie, puis du décès de mon épouse. Je suis même persuadé qu'il n'est même pas en prison, peut-être même pas en Algérie, mais il doit mener la belle vie à l'étranger. Lorsque ma femme a rendu l'âme en ce 5 mai 2007, ses dernières paroles ont été : «Dites à Bouteflika que c'est Boumaârafi qui m'a tuée…»