Le procureur de la République près le tribunal de Batna a lancé un mandat d'arrêt national et d'interdiction de quitter le territoire national contre Farouk Djebbar, promoteur immobilier, apprend-on de source sûre. Ce dernier, selon les témoignages recueillis auprès des souscripteurs, s'est joué de pas moins de 554 personnes. Alléchées par l'offre et écoutant les conseils suggérés par des agents de la Caisse d'épargne, 554 personnes, mises en confiance par le caractère officiel de l'agence immobilière en question, se sont empressées de s'inscrire au projet et n'ont pas tardé à constituer le dossier pour prétendre à un logement. Tous autant qu'ils sont, les souscripteurs ont tenu leur engagement et ont vite fait de verser le premier apport, qui s'élevait à 380 000 DA, soit 10% du prix total. Certains avaient même décidé d'anticiper et ont versé parfois jusqu'à un million de dinars, voire plus. Selon une source crédible, le montant total a atteint 36 milliards de centimes. Jusque-là, tout baigne. Seulement, le 6 mai passé, la direction régionale de la CNEP Sétif informe l'agence locale qu'elle refuse d'octroyer le crédit demandé par Farouk Djebbar, destiné à la réalisation du projet. «L'agence CNEP a curieusement continué à encaisser les versements des souscripteurs, et ce, malgré son refus d'octroyer le crédit», nous ont signalé plusieurs personnes parmi les concernés. Se sentant floués, les souscripteurs se sont organisés et ont vite fait d'aller voir le procureur. Le magistrat convoque alors le promoteur et lui donne un délai de 10 jours pour rembourser ses clients. Dans les dix jours qui suivirent l'audition, Farouk Djebbar, certainement pour faire diversion, réalise une transaction avec une tierce personne. Il cède le projet de 50 logements et 10 locaux en voie de réalisation à 36 milliards de dinars, somme certifiée par un acte notarié dont nous détenons une copie. Ensuite, il se met à distribuer des chèques qui se sont tous avérés sans provision. Puis il a disparu dans la nature. Les adhérents au projet sont même allés jusqu'à saisir un avocat, le chargeant d'inscrire une plainte contre la CNEP qu'ils considèrent, dans leur majorité, comme première responsable de cette entourloupe. Maître Djaâfar Mohamed-Larbi, avocat à la cour, estime pour sa part que la CNEP a fait fi du fonds de garantie nécessaire à ce type d'investissement et n'a pas protégé ses clients. Entre les mains du juge d'instruction, l'affaire prend une autre tournure : il met le comptable du promoteur sous mandat de dépôt pour avoir encaissé de l'argent en mains propres, entend l'architecte signataire des plans et décide que l'agence CNEP ne soit citée qu'en tant que témoin.