La mise en place du système monétique interbancaire en Algérie a pris effet dès l'année 2005. Depuis, toute la logistique nécessaire au fonctionnement des moyens de paiement modernes a été mise en service, bien que le réseau de terminaux de paiement et de distributeurs de billets demeure encore à étendre. Malgré cette avancée, certes notable pour ce qui est des équipements et du réseau, la carte interbancaire dont disposent nombre d'Algériens ne sert malheureusement qu'à effectuer des retraits d'argent. Les transactions électroniques, c'est-à-dire les paiements de biens et services par carte bancaire, demeurent, elles, très marginales. Ainsi, dans un pays où même le chèque reste en mal de crédit, le développement de la monétique semble se heurter irrémédiablement à la réticence du commun des Algériens à tout mode de règlement qu'ils jugent, à tort ou à raison, comme vecteur de traçabilité des fonds et avoirs. Et lorsqu'on connaît le poids et l'étendue du commerce informel en Algérie, l'on ne peut que se rendre à l'évidence que la monétique ne peut supplanter aisément le cash, comme cela se passe ordinairement dans les pays développés. Ceci étant, l'échec avéré de la politique de généralisation des moyens de paiement électroniques ne peut être imputable aux seuls commerçants et détenteurs de cartes, qui seraient réticents ou inaccoutumés aux usages monétiques modernes. De fait, de l'avis même du ministre des Finances, les banques n'ont pas vraiment tenu leur rôle dans le développement du paiement électronique car elles ont délaissé l'aspect commercial et de vulgarisation qui aurait permis d'inciter les usagers à s'accoutumer au mode de règlement par carte. De plus, les acteurs de la place financière locale considèrent également que le système d'information au sein des banques et même l'industrie bancaire dans son ensemble doivent d'abord se moderniser pour parvenir à généraliser la monétique. Hormis les banques, les grands facturiers comme Seaal, Sonelgaz et autres, sont également appelés à jouer un rôle majeur pour le développement des règlements électroniques en offrant tout simplement aux usagers la possibilité de payer par carte. Si les grandes entreprises publiques donnaient ainsi le ton, les commerces et les citoyens pourraient également s'y mettre, sachant qu'en économie de marché, les comportements se propagent généralement par imitation. En définitive, comme le soutiennent les responsables du secteur, le développement des moyens de paiement modernes en Algérie passe nécessairement par un rôle plus actif des banques, un nombre plus conséquent de distributeurs, de terminaux de paiement et de cartes bancaires ; mais aussi par la possibilité de régler les factures de gaz, eau et autres par carte et, enfin, la mise en place de modes de paiement on line, comme par exemple la possibilité de réserver son billet d'avion par internet.