Le mouvement Ennahda, au pouvoir en Tunisie, tient aujourd'hui son premier congrès public dans le pays depuis 1988. Chef de file du gouvernement provisoire et majoritaire à l'Assemblée nationale constituante (ANC), le mouvement de Rached Ghannouchi devrait clarifier ses alliances politiques avec ses alliés politiques, le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki, et Ettakatol de Mustapha Bendjaâfer, qui dirige l'ANC. La coalition des trois partis, qui dirige la Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali, pour une période de transition, traverse depuis quelques semaines une phase de crise. Les travaux à l'ANC traînent en longueur, les députés n'arrivent toujours pas à trouver un accord sur la nature du régime. Ennahda défend un parlementarisme pur, alors que ses partenaires souhaitent laisser à la présidence d'importantes prérogatives. D'autres dissensions sont apparues récemment sur l'enchevêtrement des prérogatives entre le président de la République et le chef du gouvernement, suite à l'extradition de l'ex-responsable libyen Mahmoudi El Baghdadi décidée par le Premier ministre, Hamadi Jebali, sans consultation du président Moncef Marzouki. L'autre enjeu du congrès du mouvement Ennahda, qui se tient pour la première fois en «toute liberté», sera de fixer la ligne idéologique du mouvement islamiste à la faveur de la nouvelle ère politique dans le pays. «Débordé» à sa droite par les salafistes, Ennahda entend s'ancrer sur une ligne modérée. «La plus importante mission du congrès est sans doute celle d'ancrer Ennahda en tant que mouvement islamiste modéré, ouvert, porté sur les préoccupations des Tunisiens et des Tunisiennes, concentré sur la réalisation de leurs ambitions», a déclaré, hier, le chef historique du parti, Rached Ghannouchi. Au sein du mouvement deux lignes politiques s'affrontent. Une modérée favorable à des alliances avec les autres forces politiques libérales et l'autre plus radicale. Rached Ghannouchi, qui sera probablement reconduit à la tête du mouvement pour un nouveau mandat, assure les équilibres, même s'il penche vers les tenants de la première ligne.