-Le nombre d'accidents de la route est en constante augmentation depuis le début de cet été. Les services de la Gendarmerie nationale ont enregistré 106 morts et 1450 blessés en l'espace d'une semaine seulement. Comment analysez-vous cette situation ? Vous vous focalisez sur le nombre de morts et de blessés sur nos routes, mais vous semblez oublier que, en 2011, plus de 400 000 véhicules sont venus s'ajouter au parc national automobile. Cela d'un côté ; d'un autre côté, nous avons le nombre d'accidents, de blessés et de morts qui a augmenté. Comme dit l'adage populaire : «Rajoute de la semoule, rajoute de l'eau» (zid esmid, zid el ma). Un autre point important qu'il faut soulever est que l'autoroute facilite les trajets, puisqu'il n'y a pas de véhicules en face. Sauf que, selon un rapport, 35% des accidents mortels sur les autoroutes sont dus à la somnolence au volant. Ce qui est énorme. Sur les routes nationales, ce chiffre est de 20%, puisque les conducteurs sont beaucoup plus vigilants que sur les autoroutes à grande vitesse. -Alors où se situe la défaillance, d'après vous ? Quel est l'automobiliste qui, après avoir parcouru 200 km, fait une halte de 10 à 15 minutes ? Toutes les données des experts précisent que l'automobiliste, après avoir roulé pendant deux heures, n'est pas dans son état optimum de réaction. C'est-à-dire que s'il a besoin de dix secondes pour réagir, après 200 km de conduite, son temps de réaction est multiplié par deux, ce qui constitue un danger pour lui et pour les autres automobilistes. Certes, l'Etat est en train de construire des aires de repos et des stations-service un peu partout sur les axes autoroutiers, à l'Est comme à l'Ouest, mais nous avons l'impression que les automobilistes, certains en tout cas, veulent battre des records, veulent figurer dans le Guinness de la vitesse, tellement celle-ci elle est extraordinaire. N'oublions pas que la vitesse est limitée à 120 km/h sur ces axes routiers vers l'Est et l'Ouest, ce qui représente 36 mètres à la seconde. Si on prend en compte l'énergie cinétique, ce sont des tonnes qui sont dégagées. C'est énorme. Le conducteur doit respecter la vitesse autorisée. -Que faut-il faire, selon vous ? Faut-il réprimer ? Cette solution n'est pas la meilleure. Il ne servirait à rien de réprimer. On ne peut pas mettre un policier ou un gendarme à chaque kilomètre de nos autoroutes. Et puis, il y a la complicité des automobilistes qui, après avoir dépassé le radar ou le barrage des services de sécurité, mettent les gaz et vont à toute allure comme s'il y avait un prix à gagner. Ce qu'il faut faire, c'est poursuivre la sensibilisation et la prévention. Il n'y a que les sourds qui ne veulent pas entendre.
-Nous avons constaté qu'en milieu urbain, beaucoup d'automobilistes ne respectent pas le code de la route. Au lieu de deux files, nous avons droit à quatre, voire cinq files de véhicules. C'est l'anarchie totale. Que faut-il faire ? Ce que vous êtes en train de dire est la pure vérité. Nous le constatons chaque jour. Il y a l'égoïsme des automobilistes, chacun veut passer le premier, il y a l'anarchie, et, le comble, certains conducteurs bloquent une intersection. Je me souviens que nous avions pu convaincre un responsable de la wilaya de mettre un carré jaune au niveau des intersections et d'assurer une fluidité de la circulation automobile. Ce carré n'existe plus aujourd'hui, de même que les feux tricolores de signalisation sont inexistants alors que nous déboursons des centaines de milliards de centimes pour des festivités. Je suis favorable à l'installation de feux tricolores, ou feux rouges comme on les appelle, cela aidera à moraliser les conducteurs et à inculquer un nouveau mode de conduite basé sur la patience, l'attente, le respect d'autrui et non pas la précipitation, l'anarchie et l'égoïsme.