La période de flottement qui a caractérisé les relations algéro-russes ces dix dernières années devra certainement laisser place à une nouvelle dynamique de coopération entre les deux pays à la faveur de la visite à Alger qu'effectue à partir d'aujourd'hui le président russe Vladimir Poutine. La relance des accords de coopération bilatérale algéro-russe et les moyens à même de redonner au partenariat entre les deux pays un nouveau souffle constituent, d'ailleurs, l'essentiel des discussions entre les deux chefs d'Etat. Selon le représentant commercial russe en Algérie, Sergey Panferov, il est attendu que la visite du président de la Fédération de Russie soit sanctionnée d'une série de décisions, parmi lesquelles celles portant création d'un conseil d'affaires algéro-russe et le renforcement des relations entre les Chambres de commerce et d'industrie des deux pays. Ces deux accords sont d'autant plus importants, selon notre interlocuteur, qu'un très grand intérêt a déjà été affiché de la part de nombreux hommes d'affaires russes, intéressés par le nouveau contexte économique que connaît l'Algérie notamment en matière d'investissements directs étrangers (IDE). Dans ce cadre, un intérêt particulier est accordé au développement et à la promotion de la coopération dans le secteur de l'énergie (pétrole, gaz et énergie électrique), ainsi qu'aux projets industriels et aux opérations de privatisation des sociétés algériennes. En 2005, les investissements russes en Algérie ont été de 50 millions de dollars, mais devraient connaître, aux yeux du représentant russe, une certaine progression avec les nombreux projets en vue, comme celui devant aboutir, courant 2006, à la construction en Algérie d'une usine d'ammoniac. Le représentant commercial russe affirme, par ailleurs, que deux autres conventions seront signées entre les deux parties pour booster les échanges commerciaux, actuellement peu dynamiques. Il s'agit, selon le même responsable, d'un accord concernant la non-double imposition et d'un accord-cadre pour la promotion et la protection des investissements. M. Panferov a tenu à rappeler à ce propos que les travaux de la première session de la commission mixte algéro-russe, tenus en octobre 2005, ont été sanctionnés par la signature d'un procès-verbal traçant les perspectives de coopération bilatérale. Le document avait prévu d'élargir et de renforcer la coopération, conformément à l'accord de partenariat stratégique signé par les deux pays, à l'occasion de la visite du président Bouteflika à la Fédération de Russie en avril 2001. La commission mixte, coprésidée par le ministre des Finances, Mourad Medelci, et le ministre russe du Développement régional, Vladimir Yakovlev, avait également réussi à mettre en place une plateforme juridique de coopération entre les deux pays. Cependant, beaucoup reste à faire, notamment en matière d'échanges commerciaux, dont la structure demeure déséquilibrée. Le représentant russe a indiqué à ce sujet que le volume de ces échanges a atteint, en 2005, 364 millions de dollars dont 362 millions de dollars représentent uniquement les exportations russes vers l'Algérie. Les exportations algériennes vers la Russie ne représentent, quant à elles, que le modique montant de 2 millions de dollars (une centaine de tonnes de dattes et quelques produits industriels). 47% du volume des exportations russes sont représentés sous forme de demi-produits destinés en majorité au secteur du bâtiment et des travaux publics. Il s'agit, notamment, précise le représentant commercial, de matériaux de construction (acier, rond à béton, bois, etc.). Les produits alimentaires, essentiellement du blé (800 000 t importées par l'Algérie en 2005), représentent 35% des exportations russes vers l'Algérie. Une autre partie de ces exportations, non moins importante, consiste en des produits chimiques utilisés particulièrement dans le domaine agricole (engrais chimiques), nous dit le même responsable. Bien que son règlement n'ait pas pu intervenir avant la venue du président Poutine, la question de la dette ne devrait pas constituer, cependant, un obstacle pour que les deux parties avancent dans leurs accords de coopération et de partenariat. Au contraire, il semble que la visite du président russe permettra de régler définitivement ce problème qui n'a que trop duré. Lors d'une conférence de presse animée, il y a de cela quatre mois, l'ambassadeur de la Russie à Alger, Vladimir Titorenko, qui s'est refusé à toute déclaration concernant le montant exact la dette algérienne envers la Russie, a indiqué, néanmoins, qu'elle représente 25% du taux global et qu'elle date des années 1960 et 1970. Selon le représentant commercial russe, Sergey Panferov, « les 4 milliards de dollars dont tout le monde parle ne sont qu'une estimation. Ce qui est sûr, c'est que le montant remonte à loin et n'a pas bougé depuis ». La conversion de la dette en investissements serait l'option la plus appropriée, mais la partie russe reproche aux Algériens de n'avoir proposé aucune offre intéressante pour les entreprises russes.