Le rapport est sans équivoque : la pénurie de médicaments, de réactifs et de consommables est une réalité et a sérieusement affecté les services de santé et des centaines de malades algériens. Un rapport accablant sur la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), élaboré par l'inspection générale au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, confirme les grosses ruptures de médicaments dans les hôpitaux. Le directeur de la PCH, M. Delih, et les responsables des différentes annexes régionales ont été convoqués, mardi dernier, au siège du ministère pour s'expliquer sur tous les «dysfonctionnements» sous la présidence du secrétaire général, M. Bouchenak. Ce rapport est le résultat d'une enquête menée par les inspecteurs du ministère, du 1er au 20 juin dernier, au niveau de la PCH. Selon des sources proches du dossier, le rapport est sans équivoque. La pénurie de médicaments, de réactifs et de consommables est une réalité et a sérieusement affecté, depuis plusieurs mois, les services de santé et des centaines de malades algériens. Le premier responsable de la PCH, M. Delih, est tenu de répondre, aujourd'hui, dans un rapport rédigé, à toutes les anomalies relevées par les inspecteurs. Ces anomalies rappelons-le, ne sont que le résultat d'une gestion soumise aux commandes du ministère de la Santé, à commencer par la décision de retarder d'une année le traitement de l'appel d'offres de 2011 qui a servi pour 2012 décidé par le ministère, le retard dans la signature des programmes à l'importation, le blocage de l'enregistrement des lettres de crédit, l'interdiction d'importation des médicaments fabriqués localement, l'absence de mécanismes de régulation, l'arrêt du conditionnement primaire, la non-signature des variations et le non-respect des engagements des producteurs nationaux, à leur tête Saidal. Le rapport a donc constaté un manque flagrant de médicaments dans les hôpitaux et que 89 produits sont actuellement en rupture ; il a relevé que certaines régions du pays sont très mal desservies en nombreux produits, où il a été constaté que des commandes sortent de la PCH, mais que seulement la moitié arrive à destination. «Il y aurait des déperditions au cours du transport des commandes», a-t-on noté. Il a été également souligné des préruptures de plusieurs médicaments essentiels, alors que, depuis janvier 2012, la PCH a importé pour plus de 20 milliards de dinars, mais cela n'a pas permis d'assurer une couverture adéquate. Pour certains produits, il est impossible pour la PCH de constituer des stocks, a-t-on expliqué. Toutes les commandes qui arrivent par tranches sont expédiées dans leur totalité. Les demandes des hôpitaux sont très importantes, mais les quantités disponibles ne peuvent couvrir que 2 à 5 mois de consommation, sans stock de sécurité. Pour y remédier, le ministère de la Santé a mis à la disposition de la PCH 27 milliards de dinars qui représentent 50% de la dotation budgétaire du secteur de la santé – 455 milliards de dinars en 2012 – amputée par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, en cas d'urgence. Une liste de près de 600 produits pharmaceutiques, toutes spécialités confondues, vient tout juste d'être remise à la PCH pour des commandes d'urgence afin de constituer des stocks. Des commandes qui ne peuvent être disponibles que dans plusieurs mois, sachant que les fournisseurs étrangers ont déjà élaboré leurs plans annuels de fabrication. Le rapport du ministère vient, en fait, confirmer encore une fois une gestion approximative d'un secteur aussi sensible que celui de la santé des Algériens. Un bon argument pour trouver un nouveau bouc émissaire qui ne peut être que le directeur de la PCH, M. Delih, qui risque de subir le même sort que le directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie, limogé en juin 2011.