Le directeur de la PCH rassure quant à la disponibilité des médicaments. Cependant, il appelle à une meilleure traçabilité du médicament pour éviter le siphonnage et la déperdition... La pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) dévoile sa stratégie: importer pour éviter les pénuries. En effet, depuis le début de l'année, la PCH a importé pour 20 milliards de dinars de médicaments. C'est du moins la révélation faite au journal électronique Toutsurlalgérie (TSA) par son directeur général, Chérif Delih. «Nous avons ramené plus de 20 milliards de dinars de médicaments en cinq mois», révèle M.Delih. «Nos prévisions de chiffre d'affaires sont de 42 milliards de dinars en 2012 contres 20 milliards de dinars en 2011», ajoute-t-il. «Cette augmentation s'explique par la politique de santé mise en place par le ministre de la Santé qui consiste, notamment à sécuriser l'approvisionnement en constituant des stocks stratégiques du pays et surtout de faire un approvisionnement coup-de-poing», explique le 1er responsable de la PCH. Pour ce qui est du chiffre d'affaires de l'année prochaine, la PCH table sur une augmentation de 10%. «Pour le chiffre d'affaires, nous prévoyons une croissance de 10% en 2013 par rapport à 2012», assure-t-il. Concernant la place de la production nationale dans les activités de la PCH, M.Delih évoque un pourcentage compris entre 30 et 40%. «La production nationale représente 30 à 40%, en volume, de notre activité. En valeur, les produits importés, comme les anticancéreux, sont plus chers», dévoile-t-il. Ainsi, l'importation se taille toujours la part du lion dans le médicament. Pourtant, en 2010, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès annonçait que «l'Algérie ambitionne de couvrir 70% de ses besoins en médicaments à l'horizon 2014». Une annonce répétée à plusieurs reprises par le ministre. Deux ans après, la part de la production nationale n'a pratiquement pas bougé. Elle n'a même pas atteint la barre symbolique des 50%. Qu'est-ce qui n'a pas marché dans la stratégie, pourtant bien étudiée du ministre? Qui n'a pas joué le jeu? Les laboratoires nationaux? Les lobbys? Tant de questions qui restent en suspens et dans l'entretien, M.Delih n'a pas apporté de réponses. Par contre, le même responsable a fait des révélations plus étonnantes les unes que les autres. D'abord, il a rassuré quand à la disponibilité des médicaments. «Les médicaments sont disponibles au niveau de la PCH et en quantités suffisantes», a-t-il rassuré. «Même les antituberculeux et les anticancéreux sont disponibles», poursuit-il. «Lundi, nous avons trouvé sur un journal qu'à Oran, l'Herceptine, un médicament destiné au traitement du cancer du sein, n'était pas disponible à l'hôpital. Nous avons appelé la PCH d'Oran pour demander comment se fait-il que le médicament n'y soit pas disponible alors qu'elle était censée disposer de 12.000 boîtes», rapporte-t-il. «En fin de compte, il s'est avéré que l'hôpital n'a pas commandé le médicament», témoigne-t-il. Chérif Delih explique ainsi que les dysfonctionnements constatés ne venaient pas de la PCH, mais des autres maillons de la chaîne. De ce fait, il appelle à une meilleure traçabilité du médicament pour éviter le siphonage et la déperdition... «Nous demandons aux prescripteurs d'utiliser les produits en toute rationalité», lance-t-il comme un SOS. «On demande aussi aux pharmaciens des hôpitaux de veiller à la distribution de ces produits, à leur traçabilité, à une utilisation rationnelle pour qu'il n'y ait pas de déperdition, de siphonnage, etc,» fait-il comme recommandation. Celle-ci fait suite à des dysfonctionnements constatés par les services de la PCH «Il nous a été rapporté que dans des pays voisins, des sidéens sont traités avec des médicaments en provenance d'Algérie. Des anticancéreux sont aussi proposés sur le marché noir», témoigne-t-il. «D'où proviennent-ils?», s'interroge-t-il. «Nous restons étonnés que des personnes disent pouvoir vous procurer des antimitotiques de l'étranger alors que c'est un produit hospitalier. Ces médicaments, qui coûtent très cher, ne peuvent pas être ramenés dans des cabas de l'étranger comme le prétendent certains», conclut M.Delhi. Qulques jours après Ould Abbès, c'est au tour de l'un de ses cadres de dire «ses» quatre vérités. Voilà donc que la PCH sort de son mutisme pour dénoncer des comportements qui mettent en danger la santé des citoyens...