Les 13 touristes, dont certains accompagnés de leurs épouses, qui ont débarqué il y a une semaine à Béchar, étaient loin de soupçonner, selon leurs propos, la qualité de l'accueil chaleureux qui leur a été réservé par la population locale. Natifs de Béchar, pour la plupart, ou arrivés enfants, ces français fils d'anciens cheminots, de commerçants ou de militaires, comme Mme Evelyne Huchon, aujourd'hui fonctionnaire dans un organisme onusien à Genève, qui avait quitté la capitale de la Saoura à l'adolescence en 1962 pour la retrouver 44 ans plus tard complètement métamorphosée. Mais, le mérite de l'initiative touristique revient à Guy Giraud, 75 ans, lui-même natif de la région, qui avait visité Béchar (voir notre édition du 17 mai 2005) grâce à un site internet créé par Fassouli Ahmed, propriétaire d'un cybercafé sur le tourisme régional. Envoûté par la beauté du paysage et l'accueil des gens, il avait promis, une fois de retour en France, de faire découvrir à ses compatriotes originaires du sud-ouest, les transformations de leur ville natale. Promesse tenue. Parmi le groupe de touristes français, Maurice Monier et Bénitah Albert dont les parents étaient propriétaires de biens commerciaux au centre de la ville, que nous avons accompagnés pour quelques heures à travers les artères de la ville, n'ont pas tari d'éloges sur l'accueil naturel et spontané des habitants, exprimant larmoyants leur reconnaissance. Ils ont surtout tenu à rencontrer leurs anciens camarades de l'école primaire Pasteur. Mais, à chaque souvenir d'enfance, c'est l'émotion qui prend le dessus, d'ailleurs fortement partagée par les gens qui les entourent et les écoutent. « L'hospitalité traditionnelle des gens d'ici nous a fait oublier les insuffisances en matière de commodités dans la structure hôtelière publique de 3 étoiles où nous résidons », nous confie l'un d'entre eux. Mais, l'association de promotion du tourisme et de l'artisanat, en concertation avec un guide accompagnateur, professeur d'enseignement, a organisé en leur honneur, en plein air, jeudi dernier, dans la localité de Ouakda, deux méchouis auxquels étaient conviées près d'une quarantaine de personnes. Le récit de chacun d'entre eux sur les souvenirs d'enfance partagés avec leurs voisins algériens est entrecoupé par des moments forts, une forte émotion ponctuée par des interruptions plongeant l'ensemble dans un silence quasi-religieux.