Un médicament ayant des effets anti-inflammatoires sur le cerveau a obtenu des résultats prometteurs chez la souris. La lutte contre la maladie d'Alzheimer a pris une tournure plus incisive au cours des deux dernières années. Alors que les chercheurs au cours de la dernière décennie dans leurs laboratoires tentaient de comprendre ce qui se passait dans le cerveau des malades pour qu'ils finissent par perdre toute autonomie, peu de nouveaux médicaments ont été testés. Aujourd'hui, le puzzle complet des événements aboutissant à une inflammation du cerveau, une accumulation de plaques de protéines amyloïdes entre les neurones et le développement dans les neurones de microfibrilles de protéine TAU qui finissent par les détruire, commence à prendre forme, même s'il n'est pas encore totalement dessiné. Mais des avancées suffisantes ont été faites, permettant de lancer des essais cliniques avec de nouveaux médicaments. Récemment, lors du congrès mondial de l'Association contre Alzheimer, des traitements expérimentaux par anticorps sur un petit nombre de patients ont donné quelques espoirs. Les attentes sont nombreuses : 850 000 personnes en France souffrent de cette maladie. Dans le Journal des neurosciences daté du 24 juillet, des chercheurs américains ouvrent une autre voie en présentant les résultats d'un essai chez la souris avec une nouvelle molécule ayant un effet anti-inflammatoire sur le cerveau. La molécule, dite MW-151, est un inhibiteur spécifique des médiateurs chimiques de l'inflammation dans le tissu cérébral. Ce produit peut être pris par voie orale et pénètre dans le cerveau. Les chercheurs de l'université du Kentucky ont voulu savoir sur un modèle de souris si cette molécule administrée à un stade précoce de la maladie pouvait empêcher son évolution.
«Une piste intéressante» Certaines souris peuvent être génétiquement prédisposées à présenter des lésions similaires à Alzheimer. Elles ont alors des difficultés à retrouver leur chemin par exemple. Et des signes cérébraux caractéristiques de la maladie sont ensuite visibles à l'autopsie. Testant ce produit sur une série de souris prédisposées, les résultats sont encourageants. «Une intervention précoce sur un modèle de souris réduit l'inflammation cérébrale, ce qui se traduit par une amélioration des signes neurologiques», affirme le professeur Linda Van Eldik (Centre du vieillissement Sander-Brown, université de Kentucky), qui cosigne ce travail. Par ailleurs, la molécule présente un effet favorable, qu'elle ait été utilisée avant tout signe de maladie ou après, mais elle serait plus efficace administrée avant le début des troubles. «Pour l'instant, il faut être prudent. Les médicaments efficaces chez la souris sont très loin de l'être aussi chez l'homme, assure le professeur Philippe Amouyel (CHU de Lille, Fondation nationale de coopération scientifique sur la maladie d'Alzheimer et les affections apparentées). Mais c'est une piste intéressante. On peut faire l'hypothèse qu'en bloquant l'inflammation cérébrale qui apparaît avec la maladie, on bloque le processus pathologique.» Par ailleurs, dans d'autres études récentes, la même molécule a été capable, toujours sur modèle animal, de réduire les lésions neurologiques consécutives à des traumatismes crâniens. Elle aurait même été capable d'inhiber, toujours sur cobayes de laboratoire, l'évolution de la sclérose en plaques.