Photo : Sahel De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi La fréquence de la maladie d'Alzheimer à Tlemcen est en constante augmentation, a révélé le Dr Benosmane Reda, et d'ajouter que l'âge des personnes atteintes de cette maladie se situe entre 18 et 60 ans. Mais «la prise en charge de ces patients est en deçà des espérances, pour ne pas dire mauvaise», précisera le médecin, en soulignant que même la prise en charge institutionnelle est nulle. Le Dr Benosmane, qui travaille au service de psychiatrie de Tlemcen, indique que, mis à part l'Aricept et un autre médicament, le traitement fait défaut. Aussi, il insiste sur la nécessité de la réalisation d'un hôpital psychiatrique et d'une unité de psycho-gériatrie. Au volet statistiques, il affirme que le nombre de malades est élevé et que celles-ci font défaut, car la majorité des personnes atteintes de cette maladie sont gardées à domicile, ce qui nécessite une intervention immédiate de la part des services de la santé. Un autre médecin, interrogé sur le sujet, précisera que de nombreuses études ont démontré que le risque est plus élevé si l'un des parents présente cette maladie. Trois chromosomes ont été identifiés comme porteurs de gènes qui développent la maladie : le gène APP sur le chromosome 21, le gène PS1 sur le chromosome 14 et le gène PS2. Il faut savoir que les formes héréditaires de la maladie d'Alzheimer ne concernent que 0,3% des malades. Lors de notre enquête au CHU de Tlemcen, on nous fera savoir que les mécanismes à l'origine des manifestations de la maladie d'Alzheimer sont désormais assez bien connus. Si les traitements disponibles agissent en partie sur ces mécanismes en ralentissant l'évolution de la maladie, malheureusement, ceux-là ne permettent pas sa guérison. Les médecins interrogés ont, toutefois, précisé que les symptômes de la maladie d'Alzheimer ne se réduisent pas à une perte de mémoire. Les patients sont souvent atteints de troubles du comportement ou de l'humeur : agitation, agressivité, hallucinations, delirium ou encore dépression. A Tlemcen, des sources hospitalières soutiennent qu'un nombre important de citoyens de la wilaya souffrent de cette maladie ; un suivi régulier et la disponibilité de médicaments s'avèrent plus que nécessaires. M. M. ------------------------------------------------------------------------ Pour le remboursement des médicaments De nombreux laboratoires ont développé des molécules pour le traitement de la maladie d'Alzheimer, mais le problème du remboursement se pose avec acuité. Les participants aux 8èmes Journées nationales de neurologie, organisées mercredi et jeudi derniers à l'hôtel Corne d'or de Tipasa par la Société algérienne de neurologie et de neurochirurgie présidée par le professeur Mohamed Arezki, ont abordé la question du non-remboursement des traitements. L'un de ces médicaments, Aricept, fabriqué par les laboratoires Pfizer, est disponible sur le marché algérien depuis février dernier mais il n'est toujours pas remboursé (8 000 dinars le traitement d'un mois). «Nous avons l'autorisation du remboursement mais ce n'est pas encore inscrit dans la nomenclature officielle des médicaments remboursables», explique une responsable des laboratoires. A. B. ------------------------------------------------------------------------ Vaccin pour Alzheimer Il peut stopper la maladie mais ne restaure pas la mémoire La maladie d'Alzheimer, maladie neurodégénérative, se caractérise par l'accumulation dans le cerveau de plaques d'amyloïdes constituées en majeur partie du peptide neurotoxique beta-amyloïde Ab. L'équipe d'Elizabeth Head, neurobiologiste de l'University of California Irvine, a étudié l'effet d'un vaccin en cours de développement clinique, sur des chiens âgés, durant deux ans. Ce vaccin est constitué de la protéine beta-amyloïde 1-42 et stimule le système immunitaire afin qu'il produise des anticorps spécifiques de cette protéine constitutive des plaques. Les chiens sont utilisés pour de telles études car les plaques de beta-amyloïdes se forment naturellement dans leur cerveau et, de plus, ils présentent un déclin cognitif semblable à celui présenté par les humains. Après que les chiens ont été immunisés, les scientifiques n'ont observé qu'une petite différence de résultats dans les tests de comportement comparés à ceux obtenus chez des chiens âgés non traités, l'autopsie des cerveaux montrant pourtant que les plaques avaient été détruites dans les régions impliquées dans la mémoire et l'apprentissage. Cette étude suggère que ce vaccin, s'il remplit bien sa fonction de destruction des plaques d'amyloïdes, ne permet pas de restaurer les fonctions neuronales. Il semblerait donc que cibler uniquement les plaques d'amyloïdes n'apporterait qu'un bénéfice clinique limité. Une combinaison de vaccins et de thérapies qui ciblent également les dommages neuronaux et cognitifs pourrait peut-être constituer la meilleure opportunité thérapeutique. Head et son équipe sont en train de développer une approche dans cette optique et espèrent pouvoir la tester cliniquement.