La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'homme (LDH) ont déposé, mardi dernier, un document de dénonciation auprès du parquet du tribunal de grande instance de Paris, annonce un communiqué de la FIDH. Les deux ONG demandent à la justice française d'enquêter sur l'implication de sociétés françaises, en particulier Qosmos, dans la fourniture de matériel de surveillance d'internet au régime de Bachar Al Assad. «Il est en effet apparu que la société Qosmos, spécialisée dans la fourniture de Deep Packet Inspection (DPI), un matériel destiné à analyser en temps réel les données numériques qui transitent sur les réseaux, a été, à plusieurs reprises et d'après des sources différentes, mise en cause pour avoir contribué à fournir au régime syrien le matériel de surveillance électronique nécessaire à la répression de la contestation qui a lieu en Syrie depuis mars 2011», estiment la Fédération et la Ligue des droits de l'homme qui, par ailleurs, soulignent la contradiction entre la position politique de la France contre le régime d'Al Assad et l'implication des entreprises françaises dans la fourniture d'équipements d'espionnage. «Alors que les autorités françaises dénoncent avec fermeté les exactions perpétrées par Bachar Al Assad à l'encontre de la population syrienne, il est indispensable que toute la lumière soit faite sur l'éventuelle implication de sociétés françaises dans la fourniture de matériel de surveillance au régime syrien», a déclaré, dans un communiqué rendu public hier, Patrick Baudouin, président d'honneur de la FIDH. Dans le même document, Michel Tubiana, président d'honneur de la LDH, a souligné que «les entreprises occidentales doivent savoir qu'elles ne peuvent vendre ce type de matériel à des régimes autoritaires en toute impunité et sans se soucier des conséquences de l'utilisation de ce matériel par ces régimes». La répression orchestrée par le régime syrien depuis plus de 16 mois contre de sa population a occasionné la mort d'au moins 16 000 personnes, majoritairement des civils, et la détention arbitraire de dizaines de milliers d'autres ainsi qu'un nombre important de disparitions forcées. La torture dans les centres de détention est systématique. Parmi les victimes de la répression, les défenseurs des droits humains, les activistes, y compris des cyberactivistes, ont été pris pour cible en représailles de leurs activités de communication et de dénonciation des violations perpétrées. «Le contrôle étroit par le régime des outils de communication utilisés par la population, et les activistes en particulier, semble avoir contribué à les exposer à la répression, dont nombre d'entre eux ont été et sont toujours victimes», conclut le communiqué des deux ONG. Le Canard enchaîné avait rapporté, il y a quelques mois, que Amesys, une filiale de la société française Bull, fournissait ce type d'équipements à l'ancien régime libyen, dont des experts de la direction du renseignement militaire (DRM) avaient été sollicités pour assurer la formation des «contrôleurs» libyens.