«57% du territoire de la commune de Mizrana relèvent du domaine forestier. C'est un handicap pour notre commune. Nous ne bénéficions pas de la production de liège qui est extrait de la forêt. Nous ne tirons aucun dividende de l'exploitation de la forêt.» Le maire de Mizrana, Mohamed Hachemani, résume en ces termes la difficulté de compter sur son territoire un massif forestier aussi dense que celui de Mizrana. En théorie, on peut penser que c'est plutôt un atout. Pour le maire, il n'en est rien à partir du moment où ces ressources sylvestres sont sous l'autorité de la Conservation des forêts. Conséquence immédiate : un rétrécissement inexorable de l'assiette foncière communale. «Quand j'ai 57% du territoire de ma commune qui sont occupés par la forêt et que je ne reçois rien, ce n'est pas normal. S'il n'y avait pas cette forêt, on aurait pu faire de l'arboriculture fruitière, de l'élevage… On est pénalisés. Alors que quand il y a un incendie, nous sommes les premiers à intervenir», assène le maire. M. Hachemani admet que beaucoup de choses manquent dans les villages. Ainsi, au chapitre transport, notamment sur l'axe Mazer-Tala Mimoun-Ouatouba, il dira : «La commune assure le transport scolaire vers le CEM du chef-lieu. Pour le reste, il n'est pas de notre ressort d'obliger les privés à ouvrir une ligne. Le privé fait ce qu'il veut. Il raisonne rentabilité.» Sur l'absence de couverture réseau, M. Hachemani affirme avoir saisi par écrit Algérie Télécom et attend que celle-ci installe des relais téléphoniques dans la forêt. Le maire joint sa voix à celle de ses administrés pour déplorer aussi le déficit en services postaux : «Le bureau de poste du chef-lieu de la commune est le seul qui fonctionne. Celui d'Ouatouba est occupé par l'armée. Celui de Tibecharine a été fermé suite au séisme de 2003 et il s'est dégradé, et celui d'Azroubar a été fermé après qu'un vol d'une somme de 300 000 DA y ait été commis. Nous lançons un appel à Algérie Poste pour rouvrir ces bureaux.» Le président de la commune de Mizrana avoue que sa circonscription dispose de peu de recettes. «Nous vivons essentiellement de l'aide de l'Etat», dit-il. Le parc logement génère fort peu de loyers et les commerces ne sont pas florissants. 42 nouveaux locaux commerciaux attendent d'être livrés et l'APC pourrait en engranger quelques deniers. Questionné au sujet des effets de la réouverture de la RN24, M. Hachemani estime que pour l'heure, «ce n'est pas palpable. Ça attire surtout les gens vers Tigzirt, et ceux d'ici vont vers Dellys pour faire leurs emplettes». Néanmoins, cela ne manquera pas d'ouvrir des perspectives en termes d'investissements. Mohamed Hachemani évoque à ce propos une autre ressource dont dispose la commune : sa façade maritime, car Mizrana, ce n'est pas seulement la forêt. «Nous avons 4 km de côte, mais nous n'avons pas de plage. Nous n'avons que des récifs», dit le maire. Il cite le projet d'une unité d'élevage de la daurade qui sera bientôt lancé à Mazer à l'initiative d'un investisseur d'Azeffoun. Un projet d'envergure algéro-espagnol, toujours pour l'élevage de la daurade, est également annoncé dans la même zone. Le P/APC indique, par ailleurs, qu'un port d'échouage pour l'ancrage et la réparation des bateaux de pêche sur le littoral de Mizrana sera bientôt réalisé. «Avant, la zone était infestée de terroristes. Il y avait un danger latent. Qui va investir des milliards dans une zone à risques ? Mais aujourd'hui, la situation a changé», argue-t-il. Enfin, notons que la commune de Mizrana ne sera pas en reste dans le plan d'alimentation de la région en gaz de ville. «Les plans ont été finalisés en attendant leur exécution», assure le maire. «L'avenir de la région, c'est le tourisme», martèle M. Hachemani. Et d'annoncer dans la foulée un projet de camp de toile au cœur de la forêt, sur un terrain de 2000 m2. Campings en plein air, randonnées et autres activités sportives pourraient constituer, en effet, une belle alternative. Les habitants de Mizrana espèrent en tout cas voir ce magnifique site prendre toute sa dimension économique et culturelle, au lieu d'être réduit à une grande caserne écologique.