Avant d'être un maquis à la réputation inquiétante, Mizrana est l'une des 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou. 10 000 habitants, 14 villages, sur 57 km2, dont 80% de forêts, et 11 kilomètres de littoral. Le désir de développement est aussi fort que dans les autres localités, et les aspirations des citoyens à améliorer leurs conditions de vie sont loin d'être étouffées par la chape de l'insécurité. Il reste beaucoup à faire. Les routes, l'AEP, les infrastructures de santé, de jeunesse… Les subventions arrivent au compte-gouttes ; les projets mettent des années à se concrétiser. La maison de jeunes a été achevée depuis un an, mais elle n'est pas ouverte en raison du non-raccordement au réseau électrique. Le dispensaire est ouvert depuis 20 ans mais la maternité n'est pas mise en service, faute de personnel. Les évacuations s'imposent donc sur Tigzirt, le chef-lieu de daïra, à une dizaine de kilomètres. Un médecin fait la rotation dans les villages dotés de centres de soins, offrant ainsi une couverture médicale aléatoire, loin des normes nationales et même locales. La pénurie d'eau potable est devenue chronique ces dernières années. Le réseau AEP existe, mais il est vétuste et n'assure plus l'alimentation pour les villages. L'eau n'est disponible que deux ou trois jours par semaine, souligne-t-on. « Les conduites sont entartrées », nous dit un élu à l'APC. Un morceau de la tuyauterie est exposé dans le bureau du maire, montrant un diamètre réduit de deux tiers par les dépôts calcaires. Cela se passe de commentaires. Le réseau est à refaire, dans la mesure où les autorités se chargent d'inscrire le projet au niveau central. La population locale attendra. Les routes communales sont dans un piteux état, y compris au chef-lieu. Cinq chemins communaux, devant relier les villages aux RN71, 72 et 24 sont proposés en réhabilitation au programme sectoriel. Le tronçon de la RN24, reliant Mazer à Dellys, est fermé à la circulation pour des raisons de sécurité. Il ne fait toujours pas bon de s'y aventurer. La commune attend beaucoup du programme de développement agricole (FNDRA), engagé depuis un an, et qui devra profiter à de nombreux exploitants de la localité notamment dans le secteur de l'arboriculture. Un port d'échouage a été officiellement inscrit début 2006 sans que les travaux de réalisation ne soient lancés. Il est prévu à Mazer. Depuis la création de la commune en 1984, 20 logements sociaux seulement ont été réalisés et livrés. Ils ont été attribués en 2005. Seize logements sont en cours de réalisation, et un programme de 90 logements est en projet. La commune manque de moyens alors qu'elle regorge de ressources. A commencer par l'exploitation du liège d'un massif forestier de près de 50 km2. La collectivité ne tire aucun bénéfice de cette ressource forestière. La réglementation n'a prévu aucun subside pour les communes, sur les profits nés de la récolte du liège. Les exploitants traitent avec l'administration des forêts sans payer de taxe à la trésorerie communale. Le climat général s'est amélioré dans la région, permettant la relance du développement local, pour peu que les différents programmes de soutien à l'investissement arrivent dans ces contrées retirées.