Projet n Une annonce aussi mirobolante soit-elle ne fait plus d'illusion chez les jeunes, notamment la communauté marine, de la région de Mizrana et celle de Tigzirt Triturés, ballottés, plantés puis replantés au gré des aléas de la mer qui ne nourrit plus son homme, ces jeunes, échaudés par les échecs passés, refusent de croire, l'ombre d'un instant, l'aboutissement d'un projet de réalisation d'un important projet algéro-espagnol dans le domaine de l'élevage de la daurade sur le littoral de la localité de Mizrana dès le début de l'année prochaine 2013, comme annoncé par la Direction de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya. «On ne croit plus rien. Des années durant, on nous a fait miroiter la réalisation d'un port d'échouage sur les côtes de notre commune, à Mazer. Il se trouve qu'après toutes ces années, ce projet est définitivement abandonné. C'est de la poudre aux yeux», regrette Saïd du village Athouri. Du coup, il continue, avec sa petite barque, à défier les profondes écumes d'où il arrive à «soutirer» quelques pièces de sar ou de mérou qu'il revend à des restaurateurs de la ville voisine de Tigzirt. «La mer ne nourrit plus son homme. Il nous arrive rarement de subvenir à nos besoins avec les moyens plus que dérisoires dont nous disposons.» Questionné une nouvelle fois sur ce projet d'envergure qui a pour objectif de produire une moyenne de près de 1 650 tonnes/an de daurade et ce, dans 18 cages flottantes de grand calibre qui seront installées en pleine mer, et qui en sus permettra aussi la création de pas moins de 50 postes d'emplois directs et de plus de 150 autres indirects, notre interlocuteur reste sceptique. «Ici nous avons fini de croire à tout ça. Même le port de Tigzirt, réalisé à coup de milliards ne sert presque à rien. Il s'apparente plutôt à un port de loisirs !», ironise-t-il. Faute de moyens, la population continue de tourner le dos à la mer On a beau pérorer sur la professionnalisation du secteur de la pêche au niveau de la wilaya avec des formations pointues, il reste cependant qu'elle est loin de s'enorgueillir d'avoir connu un saut qualitatif en la matière. La commune forestière et maritime de Mizrana en est le parfait exemple. Sa proximité avec la ville de Dellys, connue pour ses traditions en matière de pêche, n'a rien changé à la donne. Ces deux localités sont restées coupées l'une de l'autre pendant près de vingt ans à cause de la fermeture de la RN 24 qui n'a été rouverte que récemment. A Mizrana on se contente de regarder la mer pour ne pas dire qu'on lui tourne le dos. C'est que les habitants ne croient plus aux projets «chimériques» que les autorités leur font miroiter et disent sans détours qu'ils seront renvoyés aux calendes grecques comme c'est le cas pour les ports d'échouage. Sur les trois prévus, et annoncés tambour battant, seul celui d'Ath Cahfaâ est en phase d'achèvement alors que celui de Zegzou et de Mizrana qui devaient être d'une capacité de 3 petits métiers, sont tombés à l'eau. D. I.