Tourisme ne rime pas avec insécurité ; une évidence. Le développement de l'industrie touristique, le tourisme en général, est freiné dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis de nombreuses années par la situation sécuritaire délétère. Ne se mesurant pas par le taux de fréquentation des plages, l'espace d'une saison estivale, le développement du tourisme dépend, surtout, du climat général de la région. Le directeur de l'office de tourisme de Tigzirt, Mohamed Azzouz, avait déploré récemment la fermeture à la baignade de trois plages à Iflissen (Azeffoun) en raison, disait-il, «de leur éloignement du centre urbain». Ici, le responsable pointe l'écueil sécuritaire avec des termes à peines voilés. La ville côtière d'Azeffoun a enregistré plusieurs attentats terroristes ciblant les services de sécurité. Le plus récent est l'attaque au mortier artisanal contre le célibatorium de la police, situé dans la ville d'Azeffoun, faisant trois blessés parmi les policiers, dont le chef de sûreté de daïra. En mai dernier, trois bombes de fabrication artisanale avaient explosé, en l'espace de 72 heures, au lieudit Ath Nâayen, à 700 m au sud de la même ville. Bilan : trois militaires de la Marine nationale tués. Mais cela n'a nullement dissuadé la population locale de se déplacer vers les plages. Le coup est porté, plutôt, à l'investissement. L'insécurité sous sa forme de kidnapping dissuade les opérateurs. Cinq demandes d'investissement seulement ont été enregistrées en 2011, ce qui est insuffisant lorsque l'on connait la disponibilité de 1973 ha de foncier touristique localisé sur le littoral, représentant la superficie des 8 zones d'expansion touristique. Des projets qui risquent de tomber à l'eau, en raison des tracasseries bureaucratiques. Cinq demandes d'investissement en 2011 En effet, il n'y a pas que l'insécurité qui rend le tourisme mal en point à Tizi Ouzou. Depuis sa création, l'Agence nationale du développement touristique (ANDT), chargée de la gestion des zones d'expansion et des sites touristiques (ZEST) dans la wilaya de Tizi Ouzou, n'est parvenue à finaliser que deux études d'aménagement des Zest sur les 8 existantes. Leur aménagement se fait désirer. La direction du tourisme avait évoqué des contraintes d'ordre juridique inhérent à l'insuffisance des prorogatives de l'ANDT et la nature juridique des terrains. Le manque d'aménagement et l'état des infrastructures hôtelières en sont, aussi, pour beaucoup dans la morosité ambiante. Avant d'annoncer pompeusement le taux de fréquentation des plages de Tigzirt – qui est de 800 000 estivants depuis l'ouverture de la saison estivale –, par exemple, il faudrait s'interroger sur les conditions d'accueil. Tigzirt a connu, comme chaque saison, des coupures d'électricité, des ruptures récurrentes en eau potable, un front de mer qui manque d'éclairage public, l'aménagement des plages qui ne veut pas s'achever et l'insuffisance d'infrastructures hôtelières pour répondre à la demande des estivants. La ville de Tigzirt dispose de 9 hôtels d'une capacité insignifiante de 400 lits seulement. Le ministre du Tourisme et de l'Artisanat avait annoncé un programme de réhabilitation et de modernisation des équipements pour 57 unités hôtelières au niveau national, dont 9 au Sud, pour un budget de 70 milliards de dinars. 9 hôtels seulement à Tigzirt Au niveau local, le responsable du secteur avait promis de prendre en charge la réhabilitation en urgence des hôtels Lalla Khedidja, Le Belloua sis dans la ville de Tizi Ouzou ainsi que le Bracelet d'argent de Ath Yenni dont les infrastructures et les équipements sont vétustes et ne répondent plus aux normes. Abandonnées, ces infrastructures hôtelières de Tizi Ouzou n'ont reçu aucun centime pour leur réhabilitation depuis 1993.