En raml maya, le jeune Abderrahmane Chaouch, de Chlef, a interprété Ya qadi nas el ghram, lors de la deuxième soirée, dimanche, du septième Festival culturel national de la chanson chaâbie qui se déroule à l'Espace Fadéla Dziria, à l'Institut national supérieur de la musique (INSM) à Alger. à 15 ans, Abderrahmane Chaouch est le plus jeune concurrent du festival. Une voix apaisée, un chant correct et une modestie à toute épreuve. Abderrahamne veut marcher sur les pas de son frère Tahar, finaliste du festival l'année écoulée. «Je suis né au sein d'une famille d'artistes. Mon père aime le chaâbi, c'est un véritable ‘‘houawi''. Mon père ne rate aucune soirée de chaâbi et écoute tous les grands maîtres. Je l'accompagnais souvent dans ses déplacements. Mon frère aîné a fait le conservatoire. J'ai fait partie d'un ensemble andalou, Fen Asil. Actuellement, je joue avec le groupe de mon frère. Je maîtrise le violon et la mandoline», nous a confié Abderrahmane Chaouch après son concert. Abderrahmane, qui a décroché cette année son examen du BEF, espère faire carrière dans le chaâbi. «Pourquoi pas ?», a-t-il lancé comme par défi. Plus âgé, Abdelaziz Kermiche, 32 ans, un autre candidat venu d'El Tarf, a, lui, appris le chaâbi sur le tas. «J'ai côtoyé les personnes qui aiment cette musique dans mon quartier. J'ai appris seul le jeu de l'instrument et le chant. Je suis un grand fan de Amar Zahi. A El Tarf, on écoute beaucoup Zahi, Kamel Bourdib, Abderrahmane Kobi. Je chante les textes connus mais je fais un effort pour trouver des poèmes peu connus», a déclaré Abdelaziz Kermiche après avoir interprété Ya hbib el khater ma yefdni bkaya en hommage Sidi Lakhdar Benkhlouf, le poète célébré cette année par le Festival. A Tarf, Abdelaziz Kermiche, diffusé régulièrement par la radio locale de Annaba, a constitué son propre orchestre pour animer des fêtes et des concerts. «Je voudrais bien enregistrer un album si je trouve de l'aide», a-t-il souhaité. Sofiane Ketfi, 36 ans, est, lui, venu de Béjaïa. Comme Abdelaziz Kermiche, Sofiane Ketfi, qui s'est présenté devant le public hier lundi en interprétant Ya mahal el joudi, est un autodidacte dans le domaine du chaâbi. Il a animé plusieurs fêtes et soirées familiales à Cherchell, Koléa, Mostaganem, Alger, Béjaïa, Jijel. Amar Zahi, El Hadj M'hamed El Anka, Mohamed El Badji sont les maîtres qui inspirent Sofiane Ktefi. «Et bien sûr, chikhna Boudjmaâ El Ankis, rebbi yahafdhou. Je suis très attaché au patrimoine. Je fais régulièrement de la recherche pour trouver d'anciens textes et mieux maîtriser le sens des mots chantés. Je travaille actuellement sur un projet d'album. Il sera prêt la fin 2012. Pour moi, la musique chaâbie connaît un nouveau souffle. Il y a un certain encouragement pour les jeunes. Cela est motivant pour mieux travailler», a souligné Sofiane Ketfi. Dimanche soir, le jeune Abdelghani Kiar d'Alger, candidat lors de la première édition du Festival du chaâbi en 2006, a assuré la deuxième partie de la soirée avec Abdelkader Ben Jelloul de Mostagnem. Les deux artistes ont pris le relais de trois autres candidats, Abdelkader Ben Mahi de Mostaganem, Chaouki Frikh de Annaba et Sofiane Mahmoud Senni d'Alger. Abdelghani Kiar a chanté Awel soghri, puis a enchaîné avec Y amen bel awzar. Il prépare actuellement un coffret de quatre CD dédiés en partie à Sidi Lakhdar Benkhlouf. «J'ai choisi des textes qui n'ont jamais été chantés. On peut parler d'inédits. J'ai été aidé par des connaisseurs, dont des Marocains. J'ai même utilisé l'outil Internet», a-t-il dit. Abdekghani Kiar entend avoir sa propre personnalité vocale. «Je ne veux imiter personne. Pour moi, l'imitation de voix est devenue un véritable problème dans le chant chaâbi. Les jeunes interprètes doivent éviter de faire comme les autres chanteurs. Ils doivent être eux-mêmes. C'est le seul moyen pour réussir et assurer la transmission», a-t-il expliqué. Hommage à Hassen Saïd Au lendemain de la clôture du 7e Festival national culturel de la chanson chaâbie (prévue vendredi soir), une soirée-hommage sera consacrée à Hassan Saïd, samedi 11 août à l'Espace Fadéla Dziria à l'Institut national supérieur de la musique (INSM) à Alger. «Le ministère de la Culture a décidé de rendre hommage à plusieurs artistes de leur vivant. Hassan Saïd est le dernier d'une série. Il est demandé à l'artiste lui-même de choisir les chanteurs qui viendront animer la soirée-hommage en interprétant ses chansons. C'est une manière de participer à l'organisation. Parallèlement, un film documentaire est réalisé sur l'itinéraire de l'artiste à qui on rend hommage. On produit également un coffret-livrets regroupant toute sa production, textes et chants», nous a déclaré Abdelkader Bendaâmèche, commissaire du Festival culturel national de la chanson chaâbie. Selon lui, 35 coffrets-livrets ont été produits depuis 2007 en hommage aux artistes algériens. Ils sont disponibles notamment au niveau de l'ENAG (Entreprise nationale des arts graphiques). Samedi soir, Abdelkader Chaou, digne héritier de Hassan Saïd, sera la star. Seront présents également Samir Toumi et Radia Manel, qui vont interpréter en duo une reprise de Hadi moudda ouana ghrib, chantée par Hassan Saïd avec Anissa. Au programme, les jeunes Iman Sahir de Boufarik (deuxième prix lors de la cinquième édition du Festival du chaâbi en 2005) et M'hamed Yacine, un chanteur qui promet, monteront sur scène pour saluer le célèbre interprète de Sifet Echmaa et Saadet el qalbi el hani. «Toutes les chansons de la soirée hommage seront celles de Hassan Saïd, lequel a fait de belles choses avec Mahboub Bati. Il y aura peut-être des inédits», a annoncé Abdelkader Bendaâmache.