Des audiences spéciales ont été programmées dans les cours de justice pour que les affaires soient traitées avec plus de célérité. Face à la lenteur des tribunaux à rendre un jugement, le ministère de la Justice a donné instruction aux chefs de cour de mobiliser les magistrats pour juger les affaires en attente. Ainsi, tous les dossiers en souffrance, qui datent de 2001 à juin 2003, devraient être traités. Mais ce qui est décrié par la Ligue algérienne des droits de l'homme, par la voix de son président Boudjemaâ Ghechir, ce sont les conséquences de cette grande rapidité. « La justice est faite pour rendre justice et non pour rendre un jugement », s'indigne le président de la LADH. Selon lui, certaines affaires correctionnelles sont entendues durant 1 minute et 30 secondes par le magistrat et ses deux assesseurs. S'il est vrai que la procédure est respectée, puisqu'il est permis aux parties au procès de présenter leurs moyens de défense, il n'en demeure pas moins que cette pratique expéditive lèse les droits de la défense. Le président de la ligue reconnaîtra que « les avocats sont démissionnaires, à l'exception de quelques-uns, alors qu'ils devraient être les premiers à se plaindre ». Aussi, si l'indépendance des magistrats est garantie par la Constitution, dans les faits, ils restent des fonctionnaires soumis à une autorité hiérarchique. Concernant les affaires qui relèvent du civil (immobilier, de famille...), les magistrats du siège sont exhortés à ne pas renvoyer l'affaire plus de quatre fois, ajoute M. Ghechir. Ce qui restreint énormément les prérogatives du magistrat, seul habilité à juger si une affaire est en état d'être jugée. Certaines pièces peuvent manquer au dossier, ou parfois le défenseur n'a pas reçu la notification du jugement et ne s'est donc pas présenté le jour de l'audience, justifiant ainsi le report de l'audience à une date ultérieure. La recommandation émanant du ministère de la Justice oblige ainsi les magistrats à se prononcer, alors qu'ils ne détiennent pas tous les éléments nécessaires. Cette instruction qui concerne tous les tribunaux sur le territoire national va à contre-courant d'une justice équitable.