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Baignade sous les étoiles, balades et grillades
Virée nocturne en bord de mer à Azzefoun
Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2012

Azzefoun, samedi 11 août. Une heure après l'adhan ,annonçant la rupture du jeûne, Rusazus, ville antique perchée sur un piton surplombant la baie, est déjà saturée.
Un infini embouteillage assiège le boulevard Yacef-Omar qui longe le front de mer. Des voitures font hurler leur klaxon. Sur les trottoirs, la circulation piétonne est grouillante. Les rues, désertes pendant la journée, reprennent vie. Depuis le début du Ramadhan, cette charmante ville balnéaire, située à 70 km au nord-est de Tizi Ouzou, connaît une effervescence nocturne particulière.
La plage du centre affiche régulièrement «complet». Chaque soir, des dizaines de personnes viennent se remplir les poumons d'air iodé de la mer. L'endroit, loué par l'APC à un particulier originaire de la région, a été relooké pour permettre un meilleur accueil des familles fuyant leur logis en ces nuits torrides.
Des tables, décorées aux couleurs de l'été, et des chaises sont mises à la disposition des visiteurs pour leur offrir le meilleur service. Au menu : brochettes, breuvages rafraîchissants, friandises, thé, café, glaces, cacahuètes, amandes et autres amuse-bouches. Les discussions s'étirent parfois jusqu'à l'aube. Plus enclines au bavardage, les femmes «soufflent» le temps d'un intermède estival. Une aubaine pour oublier les fourneaux, les dures tâches ménagères et le coût du couffin du Ramadhan. Ahcène Tahraoui
C'est l'enfer ces jours-ci, ya latif. Au lieu de nous cloîtrer à la maison par un temps pareil, nous nous arrangeons avec mes cousines pour aller humer un peu d'air frais sur la plage. Juste après la vaisselle et Dda Meziane (feuilleton en kabyle très suivi diffusé sur TV4). Nous sortons nous dégourdir les jambes. L'endroit est très animé et surtout sécurisé», dit une mère de famille résidant dans l'ancienne ville d'Azzefoun. Un disc-jockey et une palette de chanteurs locaux se relayent sur scène chaque soir pour égayer les veillées ramadhanesques. Des manèges installés tout près d'ici attirent une ribambelle d'enfants sous le regard amusé de leurs parents. Derrière, sur la RN 24, traversant le front de mer, une foultitude de petits marchands proposent des tenues estivales et autres produits artisanaux.
Affluence record
«Beaucoup de vacanciers issus d'autres wilayas du pays ont préféré prolonger leur séjour dans notre commune durant ce mois de Ramadhan. Les sorties nocturnes à Azzefoun en ce mois d'août attirent beaucoup plus de monde que durant la journée, le long des mois d'avant Ramadhan», remarque le président de l'APC, Hacène Ouali. Les flâneries nocturnes s'étirent jusqu'à l'aube. Le volet sécuritaire a été renforcé par la mise en place, outre des postes de contrôle de l'armée à M'lata, à l'entrée de la ville et de la Sûreté nationale, à l'intersection menant vers la plage Caroubier, par une escouade de policiers en civil qui se fondent dans la foule pour veiller au grain. Si certains noctambules préfèrent se prélasser sur le sable de la plage pour faire un brin de causette ou savourer une limonade Hamoud Boualem, d'autres préfèrent nager.
Un bain de mer en solo ou entre amis, quoi de plus rassérénant. Dès 22h, des dizaines de promeneurs convergent vers la plage du centre pour faire trempette dans l'eau fraîche et régénératrice de la Méditerranée. Après le travail ou une interminable journée de jeûne, rien de tel qu'un plongeon pour se détendre un peu. En contre-bas du siège de la daïra, des jeunes, en retrait du brouhaha frénétique du centre urbain, déploient leur attirail musical, provoquant une «happy danse party» collective. Pure ambiance d'antan sous un ciel scintillant d'une mer infinie d'étoiles.
Farniente et chaâbi
Le port, point de chute des amateurs des «qaâdate kheloui», du farniente et du chaâbi connaît la même fébrilité. Sur les rochers de la jetée, des pêcheurs à la ligne tendent leur canne tranquillement. Un peu plus loin, sur le quai, des marins jouent aux dominos sur une table déposée tout près de la surface de l'eau. Les terrasses des crémeries et des cafétérias du port de pêche d'Azzefoun ne désemplissent pas depuis le début du mois de Ramadhan. Deux baffles diffusent vers l'extérieur Ya Mohamed ya sidi, le tube phare de Boudjemaâ El Ankis, un autre ponte de la musique chaâbie, originaire d'Azzefoun. «L'ambiance est chaleureuse et conviviale sous ce magnifique ciel étoilé. J'adore flâner la nuit», savoure un sexagénaire assis sur une nappe, à l'autre bout de la jetée du port. Minuit, virée dans l'ancienne ville.
Les ruelles grouillent de monde avec un va-et-vient chaotique des grandes agglomérations. Des vieux vocifèrent autour d'une partie de dominos dans une salle enfumée du café maure de la place. D'autres personnes attablées suivent sur la chaîne qatarie, Al Jazzeera, les derniers développements de la situation en Syrie. Dans les magasins achalandés de vêtements pour enfants, des parents négocient les prix en prévision de la fête de l'Aïd. Sur la route de l'ancien hôpital de la ville, l'autre affluence de la soirée a été constatée dans les cybercafés, qui restent ouverts jusqu'au petit matin. Entre mer, flânerie, divertissement et discussions familiales, la ville d'Azzefoun s'anime toute la nuit.
L'avènement du mois de jeûne, en plein milieu de l'été, n'a pas chamboulé les habitudes récréatives des habitants d'Azzefoun et de ses visiteurs, notamment des Algérois originaires de la région. Normal, l'évocation de la région est synonyme de saison estivale, donc de farniente et d'animation tous azimuts. De par la richesse de ses potentialités touristiques, cette partie du littoral kabyle est un joyau que des milliers de personnes visitent chaque année avec passion. Avec 25 km de côte, le tourisme est la principale ressource de cette région natale de Hadj M'hamed El Anka, Rouiched, Tahar Djaout, Mohamed Fellag, Issiakhem,
Iguerbouchène et tant d'autres icônes de la culture algérienne. Les commerçants n'ont d'yeux que pour la période de l'été. Deux mois d'activité. Le reste de l'année, Azzefoun est une ville fantôme. «Heureusement que nous avons la mer. Sans cela, ce serait la dèche», maugrée un gérant d'hôtel.


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