Azeffoun, 19 août, 21h. La chorba à peine ingurgitée, des grappes humaines envahissent littéralement le boulevard front de mer qui porte le nom du chahid Omar Yacef. La circulation automobile est dense. Les rues désertes pendant la journée reprennent vie. Flâneur d'un soir ou randonneur initié, rien ne vaut une agréable petite promenade au bord de la mer pour se ressourcer. En famille ou entre amis, quoi de plus rassérénant en ces nuits torrides qu'une veillée bien aérée sur la plage pour humer la brise marine, mêlée à l'odeur d'algues, parfum de la douce Méditerranée. Un pique-nique régénérateur sous un ciel scintillant d'une mer infinie d'étoiles est une véritable fête des sens dans cette charmante ville balnéaire. Jeunes et moins jeunes, la mine joyeuse, barbotent dans une eau revigorante. D'autres promeneurs, notamment les femmes, préfèrent se détendre au bord de l'eau et écouter le ressac des vagues qui se brisent sur les rochers. «On est tranquilles ici. On y vient presque chaque soir pour se prélasser loin du brouhaha de la ville. Avec la chaleur qui sévit ces jours-ci, les familles préfèrent les sorties en plein air que de se cloîtrer à la maison en face d'un climatiseur qui a du mal à rafraîchir la maison et les programmes angoissants de L'ENTV», dit une mère de famille entourée de ses trois enfants. Ambiance bon enfant Si d'aucuns n'hésitent pas à faire trempette dans l'eau, d'autres avouent leur peur bleue à s'adonner au bain de minuit. «Sincèrement, j'ai peur de nager la nuit surtout après avoir vu un film sur une chaîne de télévision étrangère montrant des scènes où de grands requins blancs semaient la terreur et la mort sur des plages américaines. Je ne peux pas nager dans une eau sombre sans savoir ce qu'il y a sous mes pieds. Je suis bien dans mon petit coin», répond Djawida, un casque audio vissé sur les oreilles. Virée au port. Des dizaines de personnes se baladent sur les quais. Des familles s'attablent à la terrasse d'une cafétéria donnant directement sur la baie pour savourer des coupes de glace ou siroter un café fumant. Une baffle accrochée au mur diffuse Hadjou lefkar, l'indémodable tube du grand maître de la chanson chaâbie, Hadj M'hamed El Anka. L'ambiance est bon enfant. Un peu plus loin, des jeunes pêcheurs à la ligne perchés sur des rochers tendent leurs appâts. L'affluence sur le port dure jusqu'à une heure tardive de la nuit, nous apprendra un marin pêcheur. La même animation a été constatée à travers les ruelles de l'ancienne ville de l'ex-Port Gueydon. Après la prière des taraouihs, les cafés maures sont pris d'assaut pour d'interminables parties de dominos et de cartes. Les accrocs du Net, eux, jettent leur dévolu sur les cybercafés qui proposent la formule «nuit blanche». L'affluence est telle qu'il faut s'armer de patience pour dénicher un poste libre. Le vagabondage en ligne peut, en effet, durer jusqu'au petit matin. Pour l'animation des soirées du Ramadhan dans cette charmante ville balnéaire, la direction de la culture a concocté une semaine artistique qui devait prendre fin dimanche. Au programme : chants et sketches. A la salle omnisports de la localité, c'est un tournoi de basket-ball qui a été organisé au grand bonheur des férus d'activités sportives. Azeffoun est très prisée durant la saison estivale. Cette coquette ville côtière, située à 70 km au nord-est de Tizi Ouzou et à 95 km à l'ouest de Béjaïa, offre son charme pour accueillir chaque été des milliers de vacanciers en mal d'évasion. Petit paradis La région recèle des endroits féeriques et paradisiaques. Aâmi Saïd, un vieux briscard, originaire du village Boumessaoud, déclame poétiquement son amour viscéral pour sa région natale, au sommet du col d'Agouni Oucherki. Un coup d'œil en or, on a une vue imprenable. Une nature verdoyante, à l'horizon, la mer bleue, un air pur incomparable. En abordant les virages, quelle beauté de paysages ! On croirait à un mirage face au beau rivage de M'lata. Comme le disait le vieil adage : «entre les deux mon cœur balance». Et c'est la verte rive, les souvenirs de mon enfance. A l'est, c'est le plaisir et l'évasion, le soleil, des vignobles et des beaux fruits succulents. La baie d'Azeffoun et le front de mer Sidi El Korchi le bienveillant. Je continue mon voyage dans cette belle carte postale, empreinte d'air marin et du chant des cigales. A Sidi Khelifa, le sable d'or, une beauté inégalable. J'aurais bien voulu avoir des ailes pour survoler ces merveilles. Quelle beauté, quelles mélodies, car c'est bien le petit paradis.