Fuyant la fournaise des appartements de ces longues journées de jeûne (jusqu'à 20 heures), beaucoup de nos concitoyens n'hésitent pas à aller prendre leur Ftour à l'extérieur de la maison. A Tlemcen, si des habitants fidèles à la tradition et à la famille préfèrent rester chez-eux, de nombreux autres habitants se rendent au plateau de Lalla Setti qui culmine à plus de 1.000 mètres d'altitude, ou au grand bassin (Sahridj M'bedda), près de l'allée des pins, au centre-ville préférant manger dans des lieux de villégiature, profitant de la fraîcheur des espaces verts. Ces habitants ne veulent, surtout, pas trop s'éloigner de la ville. D'autres au contraire, voulant sans doute, échapper aux températures caniculaires enregistrées ces derniers jours, se rabattent vers la mer, fait nouveau pour le ramadhan de cette année, emportant leurs repas avec eux pour le Ftour. De nombreux habitants de Tlemcen, Mansourah, Chetouane, Hennaya, Remchi et Ain-Youcef privilégient la côte bleue de Rachgoun, Madrid, la Marmite et Beni Saf (wilaya d'Ain-témouchent) pour passer une bonne soirée en bord de mer, durant ces soirées ramadhanesques. Les habitants de Nedroma, Ghazaouet, et Souahlia vont plus souvent à la plage de Sidna-Ouchaâ. Ceux qui résident à Maghnia, Bab-El Assa et Souani se dirigent vers la plage de marsat Ben-Mhidi, Bider et bien sûr B'hira pour fuire une chaleur étouffante des soirées ensoleillées qui se prolongent. Tous ont un objectif commun : Prendre l'air et savourer quelques dattes très appétissantes avec du lait, avant de goûter à une bonne h'rira en face de l'horizon au pied de la méditerranée, dès l'heure de la rupture du jeûne. A Rachgoun, après le Ftour, les jeunes s'adonnent pendant ces longues soirées à des bains de nuit qui, le moins que l'on puisse dire, rafraîchissent et détendent. Ces baignades nocturnes sont suivies de parties de dominos à même le sable. «Nous avons choisi la plage comme destination nocturne, car il fait très chaud pendant ces soirées du Ramadhan. Pendant la journée on jeûne et on ne peut pas nager à volonté, car il y a risque de passage de l'eau à travers la gorge. Par contre, après el Imsek, on se rafraîchit à gogo dans cette plage calme, posée et tranquille...», se réjouissent des jeunes de Tlemcen, rencontrés dans la nuit de lundi dernier, à Siga, une belle plage de Rachgoun. Une atmosphère chaleureuse règne, nourrie par le bruit des conversations et par le saxophone d'un vieil homme venu de Ain-Témouchent. Changement de décor le lendemain soir. Direction à présent, cette grande plage située aux confins ouest de l'Algérie, plus précisément, à Port Say. Tous les commerces rouvrent après le Ftour, tous les cafés offrent leur terrasse le temps d'une petite boisson chaude ou fraîche, selon les humeurs. Au centre-ville, c'est le long de la corniche que les cafétérias pullulent et proposent des grillades et des gourmandises, dont la célèbre Zlabia à ne manquer sous aucun prétexte. L'ambiance se veut festive : musique, barbecue Désertée à l'approche de l'iftar (rupture du jeûne), la plage de Marsat Ben M'hidi s'emplit de nouveau dans la soirée. Cette situation inédite du fait de la coïncidence du mois de ramadhan, avec la saison estivale a toutefois été mise à profit par certains jeunes qui investissent les plages dans la soirée, pour vendre toutes sortes de denrées (bourek, zlabia, glaces, fruits secs, etc.). Dès 19 h 00, la plage de Port-Say change de registre et accueille familles et, amis qui ne repartiront qu'à l'aube. Rencontrée au niveau de la plage Padovani (Bab El-Oued), une mère de famille originaire de Maghnia, nous confiera que c'est la chaleur suffocante de la maison qui l'a fait décider à se rendre au bord de la mer avec ses enfants à la recherche d'un peu de fraîcheur. «C'est la quatrième fois pour moi et mes enfants de prendre le Ftour au bord de la mer, nous prenons notre chorba sur le sable, et au menu aussi, petite baignade pour les enfants, pas besoin de protection lunaire ! Vous en pensez quoi ?. Puis nous restons jusqu'à ce que l'on prend le bain de minuit avant le s'hour. Vraiment c'est un plaisir !». Les enfants courent, jouent et crient sans jamais se fatiguer. « Ici, nous faisons surtout attention que le bourek ne se mélange avec le sable», ironise-t-elle. Tout autour, des rires et des cris se font entendre. Vers minuit, une vingtaine de personnes se défient encore au Football, et une odeur de grillades domine. D'autres jeunes sont affalés sur le sable profitant des délices nocturnes de la Méditerranée. Des bandes de jeunes se jettent à l'eau. A 3h du matin, les quelques baigneurs ne sont désormais que des silhouettes noires. Ainsi, entre impératifs sociaux dictés par la tradition religieuse et envies de liberté par grande chaleur, c'est là une manière d'allier l'inconciliable. Pour de nombreuses familles interrogées sur cette question, le Ramadhan étant chez nous, le mois de la «?baraka?», de «?la purification du corps et de l'âme?» et celui du «?grand pardon?». Pour elles, elles se sentiraient coupables d'aller bronzer et de faire la fête au moment du jeûne. Bon Ramadhan à tous !...