Si les populations des villes du Nord, pour leur évasion, ont le choix pour se délasser sur les belles plages côtières et les innombrables lieux de détente et loisirs, ici, la population de Béchar, capitale de la Saoura, créée au lendemain de l'Indépendance, n'a ni l'une ni l'autre et vit toujours dans l'espoir de se voir dotée un jour d'un parc d'attractions. La nature l'a privée d'une mer, ce qui est généralement admis. Par contre, ce qui est inacceptable aux yeux de la population, c'est l'absence totale de volonté des responsables et élus locaux, qui n'ont pas pour priorité d'alléger la souffrance indicible de cette population et de se soucier un peu des citoyens en hâtant la création au moins d'un lieu de détente et de loisirs. Aucune personne sensée ne peut admettre qu'une ville d'Algérie, ou d'ailleurs, aussi importante que Béchar, dont la population avoisine les 180 000 habitants, ne puisse pas disposer d'un parc d'attractions. Le regard des citoyens reste braqué sur cette immense carence, en particulier en cette période de Ramadhan, où les gens suffoquent à cause du climat caniculaire et l'ennui mortel, aggravés par l'absence de lieux de loisirs. Les jeunes et moins jeunes de la région, après le f'tour, traînent les pieds, certains choisissent la mosquée pour les prières surérogatoires traditionnelles (tarawih), d'autres déambulent dans les artères de la ville sans but, ou s'attablent sur les terrasses des cafés et sirotent des boissons rafraîchissantes des heures durant, parfois jusqu'à l'imsak. Mais ces personnes sont unanimes à dénoncer l'absence flagrante de lieux de détente et s'interrogent sur les raisons qui empêchent la création d'un grand parc d'attractions digne d'une ville de l'importance de Béchar, à l'instar de ceux qui existent dans les grandes agglomérations du Nord. Il faut imaginer que la situation est encore plus pénible pour les milliers de familles cloîtrées chez elles et astreintes à longueur de journée aux travaux ménagers en période de jeûne. Même l'ancien jardin public communal surplombant et longeant les berges de l'oued de Béchar, qui, jadis était verdoyant, apportait une petite bouffée d'air pur est fermé depuis 5 ans. Dévasté par les fortes intempéries d'octobre 2008, le lieu de repos et de détente pour familles, autrefois cité en exemple, est devenu aujourd'hui un endroit abandonné et privilégié pour les toxicomanes et ivrognes et aucune initiative de la part de l'éxécutif communal n'a été jusqu'ici prise pour le restaurer. «Auront-ils au moins pitié de nous» ? «Sont-ils conscients des souffrances qu'ils nous infligent» ? s'écrient plusieurs citoyens à l'adresse des élus locaux pour demander la création, en urgence, d'un parc d'attractions. Un élu de l'APW, interrogé récemment à ce sujet, a indiqué qu'un site d'une superficie de 7 ha a été finalement choisi à l'entrée nord de Béchar pour abriter le futur parc d'attractions. Mais le projet, qui tarde à être réalisé, sera pris en charge par un investisseur privé, car, précise-t-il, l'Etat entend se désengager de ce type de projets. Avec les grandes chaleurs, rien ne bouge et l'agglomération se vide et devient déserte, livrée aux implacables rayons de soleil, brûlant de 11 heures à 18 heures, où une timide reprise des activités commerciales s'amorce pour permettre aux retardataires d'effectuer les dernières emplettes avant l'appel du muezzin à la rupture du jeûne.