La formation musicale Contrast a animé, lundi soir, un remarquable concert, dans le patio du Palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba. En dépit d'une assistance clairsemée, la leader et chanteuse du groupe, Salima Abada, a conquis plus d'un. Cet aède à la voix cristalline maîtrise la scène avec assurance. Cheveux courts, jupe maxi, débardeur orangé, pieds dénudés et sourire charmeur, Salima fait une entrée fracassante sur scène. Elle donne le la à ses musiciens. Nadjib Gamoura à la basse, Cherif Lahouni au clavier, Redouane à la guitare, Fouzi Mecelem à la guitare et Nazim Benkaci à la batterie donnent d'emblée toute la mesure de leur virtuosité. En effet, les instruments retentissent à l'unisson pour laisser place à une voix féminine qui s'élève dans le firmament de cette nuit ramadhanesque. Les titres du premier album du groupe Contrast - sorti en décembre dernier - s'enchaînent tel un chapelet qui s'égrène. Des youyous complices fusent dans le public, suivis d'applaudissements nourris. Parmi les chansons chantées, citons entre autres Nestena, Les Algériennes, La boulangère, Ya Denya, Lettre à mon président, Le condamné, 4 ans et demi, Je rêvais d'un monde, Another Worl. Si Salima Abada s'est plu à offrir uniquement deux reprises, il n'en demeure pas moins que son répertoire peut se targuer de comporter ses propres compositions. La plupart des thèmes abordés sont des thèmes de société, ajouté à cela des sujets sur la décennie noire. La chanteuse nous confie en aparté : «Je trouve qu'on ne parle pas assez de cette dure période. Je pense que j'aborderai ce sujet dans tous mes albums.» A titre d'exemple, dans Lettre à mon président, elle s'adresse au premier dirigeant du pays avec respect pour venir crier le ras-le-bol de la jeunesse algérienne. Comme le titre l'indique, La Boulangère n'est autre que l'histoire de cette commerçante qui tombe amoureuse d'un client marié. Alternant les trois langues, en l'occurrence l'arabe, le français et l'anglais, Salima Abada est une artiste au sens propre des mots. Mais dommage, comme elle le dit si bien, les jeunes groupes ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Sinon, comment expliquer que les programmations se raréfient en Algérie et sont inexistantes à l'étranger. Pour rappel, le groupe Contrast a été créé en 2005 par une bande de copains qui avaient en commun l'amour de la musique. L'influence et les orientations artistiques de chacun des membres du groupe ont donné naissance à un métissage et un contraste sonore, fusionnant la musique occidentale, la chanson française avec le son oriental et maghrébin. Le groupe a mis deux ans pour préparer son premier opus portant le nom de la formation. Il est à noter que les mélomanes pourront assister à un autre concert du groupe Contrast le 8 août au centre commercial Ardis.