Le Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou a accueilli dimanche soir la nouvelle production du Théâtre régional Azeddine-Medjoubi d'Annaba intitulée Imraa min warek (une femme en papier). Adaptée par Mourad Senouci du roman Ountha Essarab (femme-mirage) de l'écrivain Wassiny Laâredj, et mise en scène par la talentueuse dramaturge et actrice Sonia, l'œuvre a été réalisée en hommage aux artistes, journalistes et hommes de culture assassinés par l'intégrisme islamiste durant les années de terrorisme qu'a vécues l'Algérie. La pièce, coproduite par le Théâtre régional Azeddine-Medjoubi d'Annaba et le TNA Mahieddine-Bachtarzi, raconte l'histoire d'un amour entre un écrivain et l'héroïne de ses romans, en l'occurrence Meriem qui, à partir d'un personnage imaginaire, devient une réalité et s'impose dans la vie de cet écrivain, au point de générer des problèmes émotionnels avec l'épouse de celui-ci. Captivante et bouleversante de bout en bout, la trame de la pièce agrémentée par un jeu sans faille des deux comédiennes, Larini Lidya et Houari Raja, zoome également sur cette période tragique où le pays était à feu et à sang. Un flash-back qui se voulait un plaidoyer contre l'oubli envers ceux qui ont été victimes des assassinats ciblant des artistes de renom, à l'exemple de Abdelkader Alloula et de Azeddine Medjoubi. Le dialogue entre les deux protagonistes, l'épouse de l'écrivain et l'héroïne du roman de ce dernier, met en relief l'engagement des hommes de culture, artistes et journalistes disparus dans leur lutte d'idées contre le projet intégriste des «chasseurs de lumières.» Mourad Senoussi dit avoir dédié cette pièce à Djamel Eddine Zaïter, ravi à l'affection des siens par le Groupe islamique armé (GIA) en août 1995, alors qu'il se recueillait devant la tombe de ses parents à Gdyel (Oran). La scénographie et la composition musicale de cette pièce ont été assurées respectivement Ben Amar Yahia et Salah Sami. La co-mise en scène est de Lynda Salem. Pour une meilleure compréhension de la pièce par les berbérophones, une version en langue amazighe de Imraa min warek est actuellement en préparation au Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa.