L'Algérie a drainé un flux de plus de 2,57 milliards de dollars en matière d'investissements directs étrangers (IDE) en 2011 contre 2,2 milliards de dollars en 2010, selon les chiffres avancés par le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), principale référence pour l'évaluation des flux financiers d'IDE. Pour la première fois, l'Algérie, épargnée par les troubles liés au Printemps arabe, devance de près le Maroc (2,51 milliards de dollars) et la Tunisie (1,14 milliard de dollars). Au total, les 10 pays du sud de la Méditerranée, représentant 4% de la population mondiale, ont attiré en 2011 38,94 milliards de dollars, soit 2,6% des IDE mondiaux, d'après le rapport de la Cnuced. Ce montant, qui représente presque 3 milliards de plus que l'an dernier, cache en réalité des disparités régionales liées aux contrecoups du Printemps arabe. On constate d'ailleurs une légère baisse du flux d'IDE au Maghreb, imputable à la Tunisie et la Libye ; une dégringolade très préoccupante en Egypte et en Syrie (10,59 milliards de dollars), le premier subissant une année de désinvestissement tandis que les autres pays du Machrek limitent les dégâts et que la Palestine a flirté avec ses meilleures années ; et des investissements qui doublent quasiment en Israël (11, 374 milliards de dollars) et en Turquie (15 876 milliards de dollars) en 2011. Globalement, les IDE ont augmenté de 16% dans le monde entre 2010 et 2011, pour atteindre 1500 milliards de dollars, malgré la crise économique. Ceci dit, le même rapport pronostique que le niveau des IDE devrait diminuer en 2012, notamment au premier semestre. Les pays «ouest asiatiques» qui incluent le golfe Persique et la Turquie subissent aussi les effets conjugués de la crise économique et des printemps arabes et accusent une chute de -16,3% des IDE (à 48,7 milliards de dollars), à mettre principalement sur le compte du Qatar (désinvestissement) et de l'Arabie Saoudite (IDE divisés par deux). Le continent africain est stable comparé à 2010 en ce qui concerne les IDE entrants (-0,9% pour 42,7 milliards de dollars en 2011), les reculs des IDE en Egypte, Libye étant largement responsables de cette performance bien en dessous de la tendance mondiale, alors que l'Afrique du Sud bénéficie d'une multiplication par quatre de ses investissements sur un an, à 5,8 milliards de dollars. L'Amérique du Sud fait une excellente année (+34,4%) tirée par le Brésil, la Colombie et le Chili, et atteint pour la première fois un score à trois chiffres : 121,5 milliards de dollars d'IDE sur l'année. L'Asie du Sud-Est affiche également une croissance supérieure à la moyenne mondiale, à 26% pour 117 milliards de dollars d'IDE, avec des super-performances de l'Indonésie, la Malaisie et Singapour (102 milliards de dollars d'IDE à eux trois). La Cnuced constate dans son rapport que, du fait de la crise économique, de plus en plus de pays adoptent une approche restrictive par rapport aux investissements sortants et mettent en place des stratégies pour rapatrier les investissements étrangers afin d'améliorer leur balance des paiements, de dynamiser leur création d'emplois et leur tissu industriel.