Il y a 21 ans, le 21 août 1993, était assassiné Kasdi Merbah, Khalef Abdallah de son vrai nom, ainsi que son frère, son fils, et deux de leurs compagnons. A cette occasion, les sœurs du défunt, ancien chef de gouvernement, rappellent à la mémoire collective, et tout particulièrement à celle des «dirigeants qui ont eu à exercer des responsabilités durant ces deux dernières décennies», qu'elles ne renonceront jamais à ce que toute la lumière soit faite sur ce «crime abject». «Ils ont été froidement assassinés à Bordj El Bahri par un commando suréquipé et surentraîné, ne laissant aucun doute sur sa nature», accusent ainsi les trois sœurs dans un communiqué rendu public mardi. «L'enquête qui s'en est suivie a été des plus rudimentaires, voire bâclée, puisque c'est la solution de facilité qui a vite été choisie, consistant à interpeller de pauvres hères de la région et à leur imputer ce crime abject. Ni autopsies, ni auditions, ni étude balistique, ni recherches approfondies n'ont été effectuées, à l'image de ce qui s'est passé pour d'autres assassinats non encore élucidés», jugent-elles. La famille du défunt Merbah estime que cette parodie de procès n'a été qu'une mascarade visant à évacuer une affaire jugée encombrante, et ainsi s'en débarrasser au plus vite. «Régulièrement, nous nous sommes adressées à la plus haute autorité politique de l'Etat, pour revendiquer une enquête judiciaire sérieuse, à même de faire la lumière sur cette atrocité et démasquer les véritables auteurs et commanditaires de ce forfait lâche et infâme. En guise de réponse, nous n'avons eu droit qu'à un silence épais et pesant, certainement embarrassé, mais que nous percevons comme une forme de mépris et de dédain», déplorent-elles. Les sœurs du défunt Kasdi Merbah envisagent-elles de porter l'affaire à une échelle supérieure ? C'est du moins ce que l'on pourrait comprendre, lorsqu'elles affirment, dans le communiqué, que leur attachement et leur fidélité à la patrie et au serment de Novembre «nous ont empêché(e)s, jusque-là, d'envisager autrement que par des moyens nationaux la révision du procès de ce quintuple assassinat politique». Et cela aurait dû être fait «par la nomination de plusieurs juges d'instruction indépendants et intègres, ayant les coudées franches dans toutes leurs investigations et pouvant bénéficier de notre concours, si modeste soit-il, en notre qualité de partie civile», poursuivent-elles. «Ceux qui se sont soustraits à leurs lourdes responsabilités déchanteront vite le jour où le contrôle de la situation leur échappera et qu'ils se retrouveront face à un chaos indescriptible dont ils auront été les maîtres d'œuvre», préviennent les sœurs des défunts Khalef.